Frères et sœurs, on lisait, lors de notre rencontre précédente, cette parole qui résumait l’enseignement du pape et des évêques réunis à Rome.
Il est évident que ce ne sont pas des paroles en l’air :
14. « La tâche d’évangéliser tous les hommes constitue la mission essentielle de l’Église ». Évangéliser est, en effet, la grâce et la vocation propre de l’Église, son identité la plus profonde. Elle existe pour évangéliser.
Et l’Église, vous le savez, ce n’est pas quelqu’un d’autre. Si évangéliser est la grâce et la vocation propre de l’Église, il faut comprendre que c’est notre grâce et notre vocation propre de baptisés et de confirmés.
15. L’Église naît de l’action évangélisatrice de Jésus et des Douze. Elle en est le fruit normal, voulu, le plus immédiat et le plus visible … Née par conséquent de la mission, l’Église est à son tour envoyée par Jésus. L’Église reste dans le monde … comme un signe à la fois opaque et lumineux d’une nouvelle présence de Jésus, de son départ et de sa permanence. Elle le prolonge et le continue.
L’Église est née de la mission de Jésus sur Terre, et elle existe à son tour pour la mission.
L’Église est le prolongement de la présence de Jésus ; elle est le signe de sa présence : un signe à la fois opaque et lumineux.
Un signe opaque parce que les croyants ne sont pas toujours des témoins.
Et même lorsqu’ils témoignent de leur foi, leur témoignage n’est pas nécessairement reconnu par les incroyants. Si les hommes ont fermé leur cœur au témoignage de Jésus lui-même, il n’est pas surprenant qu’ils refusent également le témoignage de ses disciples les plus fidèles.
Jésus avait dit : « Le serviteur n’est pas plus grand que son maître. S’ils m’ont persécuté, vous aussi ils vous persécuteront; s’ils ont gardé ma parole, la vôtre aussi ils la garderont. » (Jn 15,20)
Mais l’Église est aussi un signe lumineux par le témoignage de tous ceux qui donnent leur vie pour l’Évangile et annoncent son message d’amour, de partage et de respect des personnes.
Pour les croyants, chacun des Sacrements de l’Église est le signe certain de la présence et de l’action du Christ.
Ainsi, l’Église est le lieu de la présence et de la rencontre du Christ.
La vie intime [de l’Église] — vie de prière, écoute de la Parole et de l’enseignement des Apôtres, charité fraternelle vécue, pain partagé — n’a tout son sens que lorsqu’elle devient témoignage, provoque l’admiration et la conversion, se fait prédication et annonce de la Bonne Nouvelle. C’est ainsi toute l’Église qui reçoit mission d’évangéliser, et l’œuvre de chacun est importante pour le tout.
Il va de soi que la vie intime de l’Église n’est pas vécue en vue de se donner en spectacle. La prière est une rencontre de Dieu qui n’a besoin de rien d’autre pour se justifier et pour avoir du sens. De même l’Eucharistie, qui est l’aboutissement de tous les Sacrements.
Quant à la charité fraternelle, elle constitue l’essentiel de la sainteté.
Il est vrai, cependant, que si cette vie intime de l’Église est vécue avec ferveur elle sera sera un signe et un témoignage plus parlant que les discours. C’est ainsi que, dans l’Église, tous sont appelés à évangéliser, chacun selon son charisme propre.
Évangélisatrice, l’Église commence par s’évangéliser elle-même : elle a besoin d’écouter sans cesse ce qu’elle doit croire, ses raisons d’espérer, le commandement nouveau de l’amour.
L’Église, c’est-à-dire, chacun de nous, doit grandir dans la foi, dans l’espérance et dans la charité, et donc se laisser toucher et se laisser transformer par la Bonne Nouvelle.
Elle a toujours besoin d’être évangélisée, si elle veut garder fraîcheur, élan et force pour annoncer l’Évangile. [Elle doit être une] Église qui s’évangélise par une conversion et une rénovation constantes, pour évangéliser le monde avec crédibilité.
L’Église c’est chacun de nous, transmettant le trésor qu’il a reçu : invitant des frères et des sœurs à vivre de ce dont il vit.
Celui qui ne vit pas de ce trésor ne pourra pas vraiment le transmettre ; et celui qui en vit vraiment, aura le désir de le transmettre.
Envoyée et évangélisée, l’Église elle-même envoie des évangélisateurs : elle leur explique le message dont elle-même est dépositaire, elle leur donne le mandat qu’elle-même a reçu et les envoie prêcher. Prêcher non leurs propres personnes ou leurs idées personnelles, mais un Évangile dont ni eux ni elle ne sont maîtres et propriétaires absolus pour en disposer à leur gré, mais dont ils sont ministres (serviteurs) pour le transmettre avec une extrême fidélité.
Saint Paul écrit : « Non, ce n’est pas nous-mêmes, mais Jésus Christ Seigneur que nous proclamons. » (II Cor. 4,5)
Certains voudraient parfois améliorer le message de l’Évangile et le rendre plus acceptable. Il faut évidemment tout faire pour le mettre à la portée de chacun, mais sans jamais le tronquer ni l’édulcorer.
Nous ne sommes pas des propriétaires du message, mais des dépositaires ou des serviteurs. Plus nous serons fidèles à la parole du Christ, plus l’Esprit Saint pourra toucher les cœurs.
Frères et sœurs, que le Seigneur vous inspire cette fidélité dans votre vie et dans vos paroles.
Publié le 2012-03-01