Frères et sœurs, puisque vous êtes bienheureux… puisque vous avez la chance d’avoir choisi une règle de vie qui vous aide à cultiver ce que Jésus appelle une faim et une soif de justice (Mt 5,6), c’est-à-dire, dans notre langage actuel : une faim et une soif de sainteté… je peux seulement vous souhaiter de reprendre avec fidélité le joug, dont Jésus disait : “Mon joug est doux et mon fardeau léger.” (Mt 11,29-30)
On peut être tenté de ne pas le reprendre… le voir comme une surcharge ! Mais tous les grands bonheurs ont leur prix à payer.
Le bonheur conjugal et familial a un prix : c’est la fidélité… fidélité conjugale… fidélité à aimer ses proches quand cet amour est une épreuve, comme dans les moments où il est une source de joie.
Celui qui ne veut aimer que dans la facilité est inapte à aimer vraiment, et il est inapte à vivre un grand bonheur.
Cette fidélité, qui va de soi dans le contexte de la famille et de l’amour de vos proches, est également nécessaire dans le service du Christ et de son Église. C’est pourquoi Jésus nous dit que son joug est doux et son fardeau léger… parce que c’est un fardeau… mais qu’il est source du plus grand bonheur.
Vous connaissez la plus développée des Béatitudes (Mt 5,3-12) : “Bienheureux ceux qui sont persécutés pour leur fidélité à l’Évangile, le Royaume des cieux est à eux. Bienheureux êtes-vous lorsqu’on ironise à votre sujet, que l’on vous fait du tort et que l’on raconte n’importe quoi sur vous, à cause de moi. Soyez dans la joie et l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux.” (Nouvelle traduction !)
Et Paul, qui voit toujours les choses dans la perspective de la mission et du service de l’Église, écrit ceci aux Colossiens :
“Frères, je trouve la joie dans les souffrances que je supporte pour vous, car ce qu’il reste à souffrir des épreuves du Christ, je l’accomplis dans ma propre chair, pour son corps qui est l'Église. De cette Église je suis devenu serviteur …” (Col. 1,24-25)
Cela dit, la fidélité que le Seigneur demande à la plupart d’entre nous n’est pas véritablement une souffrance, mais plutôt un effort pour ne pas sombrer dans la paresse et la tiédeur.
En ce qui me concerne le fait d’avoir donné ma vie au Christ n’est pas une souffrance… ni le fait de l’avoir consacrée au service de l’Église en général et de vous en particulier… c’est ma raison de vivre.
Et je suppose que, pour vous, cette rentrée est moins un fardeau qu’une joie de vous retrouver.
Cette joie qui naît de l’amour fraternel, on la trouve dans les lettres de saint Paul : “Frères, puisque vous avez été choisis par Dieu, que vous êtes ses fidèles et ses bien-aimés, revêtez votre cœur de tendresse et de bonté, d’humilité, de douceur, de patience. Supportez-vous mutuellement, et pardonnez si vous avez des reproches à vous faire. Agissez comme le Seigneur : il vous a pardonné, faites de même. (Col. 3, 12-13)
Parce que nous sommes conscients de la tendresse de Dieu pour tout homme, il nous invite à revêtir notre cœur de la même tendresse pour chacun de ceux qu’il met sur notre route : c’est la source première de la mission. Cette tendresse nous aidera à devenir vraiment serviteurs.
“Agissez comme le Seigneur …”
C’est aussi en étant conscients d’être choisis par Dieu… d’être ses fidèles et ses bien-aimés… que nous serons vraiment fidèles à l’adoration.
Une heure dans la semaine… éventuellement en plusieurs fois… cela n’a rien d’excessif… et c’est une de nos priorités !
Demandons les uns pour les autres la force de l’Esprit… demandons la ferveur de la charité, qui est le don de l’Esprit par excellence pour prendre et tenir cette résolution… pour que l’amour du Christ soit la source de notre amour fraternel et que cet amour soit missionnaire.
On ne peut pas se sanctifier soi-même : la sainteté est un don de l’Esprit.
Encore faut-il ne pas être des tièdes, qui n’ont ni faim ni soif… nous serions malheureux. Nous sommes bienheureux si nous avons faim et soif de sainteté… parce que Dieu, lui, veut nous rassasier (Mt 5,6)
D’ailleurs, la sainteté n’est pas autre chose que l’amour : le double commandement (Mt 22,37-40) de Jésus, que l’on pourrait redéfinir, sans être trop infidèle, comme la prière et le service.
Frères et sœurs, que Dieu notre Père vous donne faim et soif d’amour et de sainteté… qu’il vous donne faim et soif des dons de l’Esprit… qu’il vous donne un désir fervent de rencontrer le Christ dans l’adoration et de vous faire serviteurs.
JC.P.
Publié le 2010-09-13