La prière d’offrande est le prologue de la “prière eucharistique”.
“Eucharistie” est un mot grec qui veut dire “action de grâces” ou “remerciement”.
On peut se demander pourquoi ce terme a été adopté pour désigner cette prière, et pour désigner la Messe en général.
La Messe comporte des temps d’action de grâces… mais il peut sembler curieux de la définir dans sa totalité comme une “action de grâces”.
En fait, cette appellation remonte à l’Ancien Testament.
La prière eucharistique a gardé la structure des anciennes prières juives dites de “Bénédiction” (Berakah en hébreu) : c’est une forme de prière qui comportait trois parties :
1) Une Bénédiction(ou une prière de louange), assez brève.
2) Une Anamnèse, c’est-à-dire une prière qui est un “rappel”, plus ou moins développé, des bienfaits de Dieu.
3) Une Doxologie, qui est une bénédiction finale, pour chanter de nouveau la gloire de Dieu (doxa est la “gloire”, en grec).
Cette structure est exactement celle que l’on retrouve dans la Préface de notre Messe.
Les préfaces commencent généralement par : “Vraiment il est juste et bon de te rendre gloire, de t’offrir notre action de grâces …”
Vient ensuite une énumération des dons de Dieu (ou des grâces de Dieu) pour lesquels nous lui chantons notre louange.
Et on conclut par : “C’est pourquoi, nous proclamons ta gloire …”
Quand l’Ancien Testament a été traduit en grec, plus d’un siècle avant Jésus Christ, le terme de “Bénédiction” (Berakah) a été traduit par le mot “Eucharistie”, qui veut dire “action de grâces”.
Les traducteurs auraient pu transposer strictement le mot hébreu et qualifier ces prières de “Bénédictions”… mais ils ont préféré “Eucharistie”, estimant qu’une prière où l’on chante la louange de Dieu en faisant le rappel de ses bienfaits, est également une façon d’exprimer notre reconnaissance.
Le plan de ces anciennes prières de “Bénédiction” est celui que l’on retrouve aussi dans notre prière eucharistique: 1) Bénédiction, 2) Anamnèse, et 3) Doxologie… avec, naturellement, quelque ajouts.
C’est la raison pour laquelle cette prière principale de la Messe a gardé le nom biblique d’ “Eucharistie”, même si elle n’est pas uniquement une prière d’action de grâces.
Parmi les ajouts faits par les premiers chrétiens, il y a ceux qui rattachent cette prière au dernier repas de Jésus, de sorte qu’elle soit le Sacrement du corps et du sang du Christ.
Après la première bénédiction, ils ont ajouté l’ “Épiclèse” et les “Paroles de l’institution”… et, après l’Anamnèse, quelques prières de demande.
Il va de soi que ces divers éléments de la prière eucharistique ont leur place dans notre adoration eucharistique.
Nous pouvons commencer notre adoration par une prière de Bénédiction ou de louange… comme nous le faisons également au début de nos rencontres de cellule… et faire mémoire des dons de Dieu que nous avons reçus : ce que Dieu a fait pour nous dans la semaine.
De même que l’ “Épiclèse” (appeler sur) demande à l’Esprit Saint de venir sur les offrandes pour qu’elles deviennent le corps et le sang du Christ, nous pouvons demander à l’Esprit de venir sur nous.
Ensuite le célébrant dit les paroles de la consécration du pain et du vin, qui sont celles de l’institution, c’est-à-dire du Jeudi Saint : “Ceci est mon corps livré pour vous … ceci est mon sang versé pour vous”, et il invite l’assemblée à adorer le Christ qui s’est rendu présent dans ce Sacrement.
L’adoration eucharistique est évidemment le prolongement de cet instant où le corps et le sang du Christ sont présentés à l’assemblée.
On reviendra sur la Communion, qui est une communion au sacrifice du Christ.
On a vu que l’adoration eucharistique peut également prendre la forme d’une “Communion spirituelle” : être un désir de recevoir le Christ… et, plus encore, un désir de devenir un seul corps et un seul être avec lui.
Si le Fils de Dieu s’est fait homme, c’est pour que les hommes deviennent fils de Dieu : c’est la raison d’être de l’incarnation… c’est aussi la raison d’être de l’Eucharistie : si nous recevons le corps du Christ, c’est pour devenir, nous mêmes, corps du Christ. (I Cor. 10,17)
La Messe se termine par une prière d’envoi… et cette prière, loin d’être une simple conclusion, est le rappel de l’envoi en Mission pour lequel nous avons été confirmés par l’Esprit Saint.
Et là, vous retrouvez la dimension missionnaire de notre adoration : elle est la source de notre amour du Christ et de notre désir d’amener nos frères jusqu’à lui… de les aider à le rencontrer.
Que le Seigneur vous bénisse et vous remplisse de sa présence.
JC.P.
Publié le 2010-03-22