La résurrection est un sujet difficile en ce sens qu’il n’y a pas eu de grandes hérésies sur cette révélation … et de ce fait, il n’y a pas eu de développement dogmatique significatif.
On se trouve, sur ce sujet, dans la situation des premiers chrétiens qui n’avaient que le Nouveau Testament.
Ce qui nous est demandé, comme à eux, c’est d’être le plus fidèle possible à l’Évangile et autres textes du Nouveau Testament.
Le Nouveau Testament et tous les Symboles de foi professent que Jésus est ressuscité “le troisième jour”.
Si cette précision chronologique est plus qu’un point de détail, et si elle a un sens, elle indique que la survie de l’esprit (ou de l’ “âme”) du Christ est distincte de sa résurrection et qu’elle la précède dans le temps. C’est également, en ce qui concerne notre destinée, une invitation à entendre l’enseignement de l’Écriture et de la tradition, selon lequel la survie de l’esprit humain précédera la résurrection finale et universelle des élus.
Le Symbole de Constantinople indique que notre résurrection ne doit pas être attendue au terme de notre vie, mais au terme de l’histoire : “J’attends la résurrection des morts et la vie du monde à venir.”
Par sa résurrection, le Christ nous révèle le mystère de notre destinée.
En effet, s’il est ressuscité, ce n’est pas pour lui, mais pour les hommes : pour nous dire le projet de Dieu relatif à l’humanité.
Si le Fils de Dieu s’est fait homme, et s’il est ressuscité, c’est pour nous révéler, mieux que par des discours, ce projet éternel de Dieu.
La résurrection de Jésus n’a de sens que par rapport à la nôtre : il est ressuscité pour inaugurer ce qui doit être notre destinée. (I Cor. 15,12-34)
Le Fils unique n’avait besoin ni de s’incarner, ni de donner sa vie, ni de ressusciter ; tout cela il l’a fait pour nous : pour nous dire à quelle vie Dieu nous destine. Jésus ressuscité est le prototype : « le premier né d’entre les morts » (Col. 1,18)
La résurrection nous révèle que notre double appartenance à l’univers matériel et à l’univers spirituel n’est pas une erreur de parcours destinée à prendre fin au terme de notre existence animale.
Au delà de la mort, Dieu nous destine à une résurrection qui comportera une certaine appartenance à cet univers.
Selon saint Paul, la vie ressuscitée sera tout autre (I Cor. 15,35-50), ce qui ne veut pas dire que nous serons étrangers à cet univers, bien au contraire.
L’Évangile n’est pas platonicien : l’appartenance à cet univers n’est pas une déchéance … le salut n’est pas une libération de l’univers matériel.
Cet univers n’est pas mauvais … et il n’y a pas lieu d’en être libéré.
Notre corps actuel est l’instrument de notre appartenance à l’univers et de nos relations entre personnes.
Ce ne sera pas le même corps de chair et de sang, écrit saint Paul, mais une autre existence, qui comportera probablement une autre forme d’appartenance et de relation à l’univers.
Saint Paul parle d’un « corps de gloire » : « Notre cité, à nous, est dans les cieux, d’où nous attendons, comme sauveur, le Seigneur Jésus Christ, qui transfigurera notre corps humilié pour le rendre semblable à son corps de gloire. » (Phil. 3,20-21)
Ce « corps de gloire » n’est pas un corps au sens actuel du terme, puisque Paul précise qu’il n’est pas charnel (I Cor. 15,50).
D’ailleurs, le mot « corps », dans le langage de la Bible, désigne souvent ce que nous appelons la « personne ».
Une chose est certaine : notre personnalité ne sera pas effacée. Chacun sera glorifié, mais en restant la même personne.
Notre relation au Christ sera toujours une incorporation, et notre relation au Père une relation filiale … mais l’Évangile indique que la résurrection confère à ces relations des modalités particulières :
« À la résurrection d’entre les morts … ils sont pareils aux Anges, et ils sont fils de Dieu, étant fils de résurrection. » (Luc 20,35-36)
Ce qui suppose que la communion de tous les élus à la personne du Fils recevra une dimension nouvelle … la filiation adoptive ne parvenant à sa plénitude que par la résurrection.
Mais le plus important, comme on l’a déjà dit, est que, par sa résurrection, Jésus de Nazareth, l’homme que les disciples ont côtoyé pendant trois ans en Palestine, reste présent.
Sa résurrection ne le rend pas lointain … mais à l’inverse … c’est sa résurrection qui le rend définitivement présent.
Sa résurrection ne le rend pas distant, mais fraternel.
Après sa résurrection, pour la première fois, il parle de ses disciples en les appelant ses frères : « Allez annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée : là, ils me verront ». (Mt 28,10)
« Va trouver mes frères, pour leur dire que je monte vers mon Père et votre Père ». (Jean 20,17)
Frères et sœurs, que l’Esprit vous fasse grandir chaque jour dans l’amour du Christ, votre frère.
Publié le 2013-06-01