On entend souvent la question suivante : si les incroyants peuvent être sauvés, à quoi servent la foi et les Sacrements ?
Imaginons un brave hindouiste, dans un village reculé, venu au marché dans la ville la plus proche pour vendre sa chèvre. Il la vend plus cher que prévu. Il arrose l’événement… et, pris au piège des séductions de la ville, il trompe sa femme !
Marchant sur le chemin du retour, il retrouve ses esprits… il est effondré à l’idée d’avoir fait une chose pareille à la mère de ses enfants… à celle qui l’a toujours aimé fidèlement.
Il va de soi que Dieu, qui aime pardonner, lui pardonne son péché… mais lui ne saura pas qu’il a été pardonné.
A l’inverse, un chrétien qui, pendant dix ans, a trainé comme un boulet un péché grave… et qui, finalement, tombe aux piedsdu Christ et demande le Sacrement du Pardon… fait une expérience qui n’a pas d’équivalent.
Il n’oublie pas son péché, mais il sait que la page est tournée. Sa relation à Dieu est libérée de toute crainte, et n’est plus qu’action de grâces.
Autre exemple. Imaginons, un musulman paisible, époux affectueux, bon père de famille, rempli de Dieu, pratiquant l’aumône et l’hospitalité.
Il va de soi que Dieu, qui veut sauver tous les hommes, lui donne son Esprit pour qu’il soit “fils adoptif” et devienne un seul corps et un seul être avec son Fils… parce qu’il n’existe pas de salut en dehors du Christ … il n’existe pas de salut en dehors de la filiation adoptive qui fait de nous les frères et les sœurs du Fils unique de Dieu.
Mais notre bon musulman ne peut pas savoir dans quelle vie nouvelle il a pénétré.
Il ne peut connaître ni la paternité de Dieu, ni le Fils, ni l’Esprit, ni la création nouvelle qui fait de lui un fils adoptif.
Nous avons la chance extraordinaire de connaître Dieu et les sentiments de Dieu… de pouvoir entrer dans l’intimité des personnes divines.
Le Fils unique nous a parlé comme un ami à ses amis… comme un frère à ses frères et sœurs… il nous révèle que son Père nous connaît, nous écoute, nous comprend et nous pardonne comme un père à ses enfants … et que cette vie nouvelle, en nous, est l’œuvre de l’Esprit.
Dieu nous dit cela parce qu’il nous traite comme des personnes : il veut que nous puissions répondre à son amour… il veut que nous soyons totalement dociles à l’Esprit, pour vivre intensément ces relations nouvelles… il veut que nous aimions comme un Père Celui qui est la Source et l’origine de toute réalité… que nous aimions comme un ami et comme un frère Celui qui est créateur du monde avec le Père, et qui s’est fait proche de nous.
Lui qui a été amical avec ses premiers disciples… malgré toutes leurs faiblesses… nous offre la même amitié… Lui qui règne sur l’univers, n’attend qu’une chose de nous… que nous répondions à son amour.
Il nous pose une seule question : “m’aimes-tu ?” (Jn 21,15-17)
Voilà la raison d’être de la révélation… la raison d’être de la foi et des Sacrements : que nous puissions faire la rencontre du Christ et répondre à son amour.
Il est vrai que celui qui ne connaît pas l’évangile peut être sauvé sans les Sacrements… mais il est probable que le salut, pour lui, est plus difficile : parce qu’il est sauvé sans savoir qu’il est sauvé… et sans savoir ce qu’il faut faire pour être sauvé !
Par contre, celui qui connaît l’évangile et les Sacrements peut vivre avec son cœur et son intelligence de la vie d’enfant de Dieu que Jésus nous révèle et nous apporte.
La seule chose que nous puissions offrir à Dieu, c’est notre amour… c’est la seule chose qui compte à ses yeux.
En nous donnant son Fils et en nous parlant, Dieu nous traite comme des personnes… de sorte qu’à notre tour, nous pouvons faire la rencontre des personnes divines et entrer dans leur intimité.
Celui qui a entendu un tel message ne peut pas ne pas avoir le désir des Sacrements… parce que le désir des Sacrements, c’est le désir du Pardon… c’est le désir de se nourrir du Christ (dans l’Eucharistie) pour ne faire plus qu’un avec lui… c’est le désir des dons de l’Esprit (dans la Confirmation) pour être missionnaire et amener des frères à faire la même rencontre de Dieu.
Que le Seigneur vous bénisse… qu’il vous donne, chaque jour davantage, faim et soif de cette vie nouvelle.
JCP
Publié le 2007-03-26