Frères et sœurs, l’Évangile nous révèle un Dieu qui veut nous aimer et nous combler de grâces… mais qui rencontre souvent un cœur fermé.
Il frappe à la porte, non pas pour quémander quelque chose, mais pour nous combler de ses dons.
Il frappe à la porte avec discrétion… et il n’entre jamais sans que nous acceptions d’ouvrir la porte… il pratique le respect de la vie privée.
Le Tout Puissant ne se permet pas n’importe quoi.
Puisqu’il est le Créateur qui nous tient dans l’existence, c’est lui qui fait de nous des êtres libres. Il ne fait donc rien qui puisse détruire cette liberté. La grâce de Dieu ne force pas notre liberté… et si notre cœur est fermé, Dieu lui-même est comme impuissant.
Le premier des dons de Dieu, c’est son pardon.
La seconde lettre aux Corinthiens nous révèle un Dieu qui, en quelque sorte, par la bouche de Saint Paul, nous supplie de nous laisser aimer et pardonner : “C’est au nom du Christ que nous sommes en ambassade, et par nous, c’est Dieu lui-même qui, en fait, vous adresse un appel. Au nom du Christ, nous vous en supplions, laissez-vous réconcilier avec Dieu.” (II Cor. 5,20)
Marie est l’exemple même d’un “cœur ouvert” : que Dieu peut combler de grâces autant qu’il veut, parce qu’il ne se referme jamais.
C’est pourquoi elle peut dire : “Le tout Puissant a fait pour moi des merveilles.” (Lc 1,49)
Et elle ajoute ceci : “Les affamés, il les a comblés de biens, et les riches, il les a renvoyés les mains vides.” (Lc 1,53)
Les riches n’ont besoin de rien : ils croient tout avoir, leur cœur est fermé et plein comme un œuf… c’est pourquoi ils sont “malheureux” (Lc 6,24) : ils ne savent pas ce qu’ils perdent.
Les affamés de justice (c’est-à-dire de sainteté) sont “bienheureux” parce que Dieu peut les rassasier : il peut s’en donner à cœur joie, parce que, pour une fois, il ne rencontre pas d’obstacle.
Je n’invente pas… c’est la quatrième Béatitude : “Bienheureux ceux qui ont faim et soif de justice (ou de sainteté) ils seront rassasiés.” (Mt 5,6)
On retrouve un message semblable dans la première Béatitude, puisque c’est celle qui résume toutes les autres :
“Bienheureux les cœurs de pauvres, le Royaume des Cieux (c’est-à-dire le Règne de Dieu) est à eux.” (Mt 5,3)
On se disait : “les pauvres… il ne sont pas riches… ils n’ont rien !”
Grosse erreur ! En fait, la pauvreté du cœur les ouvre à la richesse la plus immense qu’on puisse imaginer : le Règne de Dieu.
Pour prendre une autre image, on pourrait dire qu’il faut tendre la main.
Dieu a des tas de choses qu’il voudrait nous donner… mais il ne peut pas, tant que nous ne savons pas tendre la main.
Certains ne savent pas… c’est le geste du pauvre.
Dès les premiers jours de sa mission, Jésus se définit comme celui qui vient “pour annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres.” (Lc 4,8)
Elle est annoncée aux pauvres, en ce sens qu’elle n’intéresse pas les autres.
Accepter d’ouvrir sa porte, c’est une condition pour accueillir les dons de l’Esprit… mais c’est aussi le premier des dons, celui qui conditionne tous les autres, et qu’il faut demander :
“Seigneur donne-moi un cœur de pauvre… qui accueille ton Règne.
Seigneur, apprends-moi à ouvrir la porte pour accueillir les dons de l’Esprit Saint.
Seigneur, guéris-moi… pour que je cesse de faire obstacle aux bienfaits dont tu voudrais me combler.”
Il faut ajouter que celui qui sait ouvrir sa porte n’accueille pas seulement les dons de Dieu : il laisse entrer le Seigneur Jésus en personne.
Là non plus, je n’invente pas… c’est une des paroles que le Ressuscité adresse à ses disciples dans l’Apocalypse de Saint Jean :
“Voici, je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui et je prendrai mon repas avec lui et lui avec moi.” (Apoc. 3,20)
Celui qui parle dans ce livre est le Fils de Dieu : dont le “visage resplendissait, tel le soleil dans tout son éclat” (Apoc. 1,16)… et dont la “voix était comme la voix des océans” (Apoc. 1,15)… et pourtant, voilà qu’il frappe à la porte presque timidement.
Il n’ouvrira pas la porte.
Mais si je tends l’oreille, et si je lui ouvre la porte : il entrera et prendra son repas… comme un ami avec son ami.
Frères et sœurs, que Dieu ouvre vos cœurs et qu’il vous bénisse.
JC.P.
Publié le 2009-01-19