Frères et sœurs, relisez dans le livre des Actes des Apôtres (13 & 14) le récit du premier voyage apostolique de Saint Paul.
Cette mission commence à Antioche de Syrie : “Un jour qu’ils célébraient le culte du Seigneur et jeûnaient, l’Esprit Saint (c’est-à-dire un prophète) dit : Réservez-moi donc Barnabé et Saul pour l’œuvre à laquelle je les destine.” (Ac 13,2)
La communauté d’Antioche est doublement missionnaire : elle a pris l’initiative d’évangéliser et de baptiser des païens (non circoncis)… et poussée par l’Esprit, elle envoie Paul et Barnabé vers d’autres missions :
“Alors, après avoir jeûné et prié, ils leur leur imposèrent les mains et les laissèrent à leur mission.” (Ac 13,4)
Depuis la première Pentecôte, les croyants savent que c’est l’Esprit qui rend l’Église missionnaire… et Saint Luc ne doute pas qu’être envoyé par l’Église, c’est être envoyé par l’Esprit… c’est pourquoi il écrit :
“Eux donc, envoyés en mission par le Saint Esprit…” (Ac 13,4)
Paul, Barnabé et Jean surnommé Marc, évangélisent l’île de Chypre, qui est la patrie de Barnabé… en commençant par les Synagogues.
A Paphos, le Proconsul, Sergius Paulus entend parler de leur prédication synagogale et les convoque. Il a une cour de philosophes et magiciens dont le Juif Bar-Jésus-Elymas : magicien et faux prophète, parasite et directeur de conscience… qui craint pour sa place et s’oppose à “Saul appelé Paul”. C’est là que s’opère son changement de nom (Ac 13,9).
Paul le rend aveugle “pour un temps”… “Impressionné par la doctrine du Seigneur”, le Proconsul se convertit ! (Ac 13,11-12)
Paul, Barnabé et Marc s’embarquent pour l’Anatolie (qui deviendra la Turquie mille ans plus tard) la patrie de Paul… et là, il doivent traverser les gorges du Taurus infestées de brigands. Marc recule devant le danger… comme déjà il s’était enfui lors de l’arrestation du Seigneur (Mc 14,52) ! Paul est très contrarié.
Ils arrivent à Antioche de Pisidie. Il y a une synagogue. Paul se présente comme Rabbi, et après les lectures de la Bible, on lui donne la parole : après une longue introduction il annonce Jésus ressuscité et unique Sauveur : celui qui met sa foi en lui sera sauvé (Ac 13,38-39).
On l’invite à revenir le Sabbat suivant… et tout un groupe de Juifs, et de païens habitués et sympathisants de la synagogue, se joint à lui.
Le sabbat suivant, il y a foule… mais une partie des Juifs est devenue hostile à Paul. Ils sont choqués par la mort et la résurrection du Messie, mais plus encore par l’abrogation de la Loi, qui met fin à leurs privilèges.
Il leur déclare : “C’est à vous d’abord qu’il fallait adresser la parole de Dieu. Puisque vous la rejetez… nous nous tournons vers les païens.” (Ac 13,46). C’est ce qu’il fera partout.
Si l’évangélisation accomplie par Paul a eu une telle ampleur, c’est parce qu’il a été un missionnaire rempli de l’Esprit Saint… mais aussi parce qu’il y avait, dans la plupart des grandes villes de l’empire, une ou plusieurs synagogues, où il trouvait des hommes préparés à la venue du Messie : des Juifs, nourris de la Parole de Dieu depuis des siècles, mais aussi des païens attirés par la spiritualité du Peuple de Dieu.
On distinguait les “prosélytes” (intégrés à Israël) et les “craignant Dieu” (qui reculaient devant la circoncision et hésitaient à subir l’antisémitisme parfois virulent dans l’empire romain)… ces païens avaient découvert le Dieu unique de la Bible et adopté la sainteté de vie des fils d’Israël.
Ils pouvaient comprendre le message de Paul, tout comme les Juifs, mais, mieux que ces derniers, ils étaient prêts à admettre que ce message s’adressait désormais à toutes les nations :
“En entendant cela, les païens étaient dans la joie et rendaient gloire à la parole du Seigneur. Tous ceux que Dieu avaient préparés pour la vie éternelle devinrent croyants.” (Ac 13,48)
“Ainsi, la parole du Seigneur se répandait dans toute la région” (Ac 13,49), ce qui suppose un séjour de plusieurs mois ou de plusieurs années. Il est probable que des communautés se créent autour d’Antioche de Pisidie, qui devient un centre de l’évangélisation.
Cela se termine, comme souvent par la suite, par un complot qui oblige Paul à s’enfuir… mais en laissant derrière lui une communauté vivante et fervente : “Quant aux disciples, ils étaient pleins de joie et de l’Esprit Saint.” (Ac 13,52)
Parvenu à Iconium (aujourd’hui Konya), Paul trouve une population de Phrygiens et de Gréco-romains , dont certains fréquentent la Synagogue.
Ici aussi, il use de son autorité de Rabbi pour annoncer l’Évangile pendant la liturgie du Sabbat : “ils parlèrent de telle sorte que des Juifs et des Grecs en grand nombre devinrent croyants.” (Ac 14,1)
Après un séjour assez long pour constituer une communauté, il doit de nouveau s’enfuir… il gagne la province voisine de Lycaonie… poursuivi par les Juifs d’Antioche et d’Iconium, il subit à une lapidation… ce qui ne l’empêche pas de visiter de nouveau, avec Barnabé, ces villes où “ils affermissaient le courage des disciples ; ils les exhortaient à persévérer dans la foi, en disant : « Il nous faut passer par bien des épreuves pour entrer dans le Royaume de Dieu ».” (Ac 14,22)
Partout ils établissent des prêtres comme pasteurs de ces Églises :
“Ils désignèrent des Anciens pour chacune de leurs Églises.” (Ac 14,23)
Ces prêtres ne sont pas choisis par la communauté, mais par les Apôtres.
Revenus à Antioche de Syrie, ils rendent compte de leur mission et font un long séjour. Leur voyage a pu durer entre 3 et 5 ans : entre 45 et 49.
Que le Seigneur vous donne son Esprit et qu’il bénisse votre mission.
JC.P.
Publié le 2008-11-24