Les invités au festin (Luc 14,15-24)

Au cours d’un repas, un des convives dit à Jésus : “Heureux les invités au repas dans le royaume de Dieu !”
La formule laisse entendre qu’il y a les invités et les autres… elle laisse entendre que Dieu choisit les élus… et que tous n’ont pas (comme les fils d’Israël) la chance d’être les invités de Dieu.
Jésus veut répondre à ce convive que le salut ne dépend pas d’un choix de Dieu aussi arbitraire que l’appartenance ou la non appartenance à Israël. Il veut lui dire également que l’exclusion du “Royaume” n’est pas un choix de Dieu, mais un choix des hommes.
Il dit tout cela en racontant une parabole dans laquelle tous sont invités, mais où tous ne répondent pas à l’invitation.
Plutôt qu’à une remise en cause de la justice divine, Jésus nous invite à un examen de conscience et à une remise en cause de nos motivations.
S’il y a des absents au festin du Royaume, ce n’est pas Dieu qui l’a voulu.
Dieu ne tient personne à l’écart.
Il n’y a pas, d’un côté : ceux que Dieu appelle, et de l’autre : ceux qu’il délaisse. Il appelle tous les hommes, mais il y a ceux qui acceptent l’invitation avec empressement et ceux qu’elle n’intéresse pas… ceux qui viennent en courant, et ceux qui n’ont rien à faire de son invitation.
Si on invite un pauvre à un festin, il ira en courant !
Si on invite quelqu’un qui a tout ce qu’il faut, il ne sera pas particulièrement intéressé par un festin… il répondra probablement qu’il est très occupé et qu’il n’a pas le temps.
On peut noter que, dans la parabole, les excuses des invités sont tout à fait valables et raisonnables… ils ont vraiment autre chose à faire. Ce qui veut dire que nous devons faire très attention à nos bonnes excuses.
On pourrait traduire les dernières lignes de la parabole (Luc 14,21-23) en disant que Dieu invite tout le monde et n’importe qui !
Le pauvre à qui on offre un festin, est l’illustration parfaite de celui qui accepte avec émerveillement et gratitude.
Quant aux premiers invités, ils sont tellement pleins d’eux-mêmes et accaparés par leurs affaires qu’ils ne voient pas le trésor qui leur est offert.
Le “Royaume” ou le “Règne de Dieu”, c’est, au terme, la vie éternelle, mais c’est, dès maintenant, l’entrée dans la mouvance et l’intimité de Dieu. Dieu nous invite maintenant. Notre réponse, c’est l’ensemble de nos choix.
On refuse de prendre le temps de prier… de faire une visite… d’être disponible… tout en étant conscient que c’est Dieu qui nous invite.
Chaque jour, on remet à demain… comme les invités de la parabole, on dit à Dieu : “je t’en prie, excuse-moi.” (Luc 14,18)
Les personnages de cette histoire sont des riches et des pauvres… parce que la parabole suppose qu’ils se déterminent par rapport à un repas.
Mais Jésus veut illustrer nos choix par rapport au “Royaume” ou au “Règne de Dieu”, et dans ce domaine l’opposition est plutôt entre les “cœurs de riches” et les “cœurs de pauvres” (cf. Mt 5,3).
Un “cœur de riche” est un cœur saturé : totalement accaparé par ses affaires (J’ai acheté un champ) ou sa vie familiale (Je viens de me marier), un cœur plein comme un œuf… sans espace pour Dieu.
Un “cœur de pauvre” (quelle que soit sa situation financière) est un cœur capable de s’émerveiller d’une telle invitation.
Comme les infirmes et les boiteux de la parabole… les “cœurs de pauvres” ont de la chance : ils sont “bienheureux”… parce que “le règne de Dieu leur appartient”. (Mt 5,3)
Dieu a besoin des hommes, non pas par nécessité, mais par amour… il pourrait festoyer tout seul, mais il tient à ce que sa table soit remplie.
L’image est celle d’un banquet où le maître a tout préparé… Dieu nous invite… il nous a créés pour partager sa joie… nous sommes ses hôtes choyés, et il met tout en œuvre pour notre bonheur.
“Dieu nous avait choisis, dans le Christ, avant la création du monde … il nous a prédestinés à être pour lui des fils adoptifs par Jésus Christ” (Eph 1,4-5) mais nous restons libres de recevoir, de refuser, ou de chipoter.
Les affaires de Dieu sont prioritaires : elles se traitent tout de suite… on ne fera pas mieux plus tard !
La parabole rejoint le message central de l’Ancien et du Nouveau Testament : aimer Dieu par dessus tout… faire en sorte que rien n’ait la priorité sur Dieu et sur l’annonce de son Évangile.
Frères et sœurs, que le Seigneur vous bénisse, qu’il ouvre vos cœurs pour que vous entendiez cette invitation à donner la priorité à Dieu, à l’amour fraternel, à la mission… et à notre règle de vie, qui est faite pour nous aider à vivre ces priorités.
JC.P.
Si possible, lire la parabole des invités au festin (Luc 14,15-24) avant de lire cet enseignement.

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