« Kérygme » est un mot grec (kérugma) qui veut dire « proclamation ».
Les biblistes contemporains utilisent ce terme pour désigner plus particulièrement la prédication initiale des premiers chrétiens témoignant de leur foi en Jésus fils de Dieu et ressuscité.
Dans un « témoignage » il y a deux aspects inséparables : une manifestation publique de sa foi et un appel à la conversion.
Un témoignage, ce n’est pas un simple discours sur les vérités de la foi. C’est dire : « Voilà ce que moi je crois … Voilà ce qui me fait vivre. »
Et vous le savez, un témoignage personnel a plus de poids que tous les discours théoriques. C’est une rencontre de personne à personne.
Le discours de Pierre le jour de la Pentecôte est un exemple de kérygme :
Hommes d’Israël, écoutez ces paroles. Jésus le Nazaréen, cet homme que Dieu a accrédité auprès de vous par les miracles, prodiges et signes qu’il a opérés par lui au milieu de vous, comme vous le savez vous-mêmes, cet homme qui avait été livré selon le dessein bien arrêté et la prescience de Dieu, vous l’avez pris et fait mourir en le clouant à la croix par la main des impies …
Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité, nous en sommes tous témoins …
Repentez-vous, et que chacun de vous se fasse baptiser au nom de Jésus Christ pour la rémission de ses péchés, et vous recevrez alors le don du Saint Esprit. (Actes 2,22…38)
Pierre s’adresse à des hommes qui ne sont pas tout à fait des incroyants : ils sont Juifs, et la plupart d’entre eux ont connu Jésus et ont espéré qu’il serait le Messie. Mais après son humiliation et sa mort sur la croix, ils ont cessé de croire en lui.
Le « kérygme » : le témoignage initial des disciples, c’est donc l’annonce de la résurrection de Jésus. Il n’a pas été vaincu par la mort, parce qu’il est le Fils unique de Dieu… et, par sa résurrection, il est présent chaque jour auprès de ses disciples.
On peut noter que le kérygme de Pierre est déjà un message trinitaire.
Le kérygme de Paul ne s’adresse pas à des fils d’Israël, mais aux Corinthiens : des hommes d’une autre culture, initialement étrangers à la révélation biblique. Mais à eux également il annonce l’événement de la résurrection de Jésus qui a bouleversé les premiers disciples et toute la communauté de Jérusalem… et dont lui-même est le témoin :
Je vous rappelle, frères, l’Évangile que je vous ai annoncé, que vous avez reçu et dans lequel vous demeurez fermes, par lequel aussi vous vous sauvez, si vous le gardez tel que je vous l’ai annoncé ; sinon, vous auriez cru en vain.
Je vous ai donc transmis en premier lieu ce que j’avais moi-même reçu, à savoir que le Christ est mort pour nos péchés selon les Écritures, qu’il a été mis au tombeau, qu’il est ressuscité le troisième jour selon les Écritures, qu’il est apparu à Céphas, puis aux Douze. Ensuite, il est apparu à plus de 500 frères à la fois – la plupart d’entre eux demeurent jusqu’à présent et quelques-uns se sont endormis – ensuite il est apparu à Jacques, puis à tous les apôtres. Et, en tout dernier lieu, il m’est apparu à moi aussi, comme à l’avorton. (I Corinthiens 15,1-8)
On reconnaît dans ce message le noyau initial des symboles de foi qui verront le jour au siècle suivant. On retrouvera dans les symboles l’annonce de la résurrection de Jésus, Sauveur et Seigneur… mais ce kérygme initial sera développé en réponse aux premières hérésies : on insistera sur la nature divine de Jésus et celle de l’Esprit Saint.
Pour saint Paul, le kérygme n’est pas une simple proclamation : pour lui, ce terme est synonyme d’évangélisation. Il exprime l’originalité du christianisme comme religion née d’un événement divin dans notre histoire.
L’usage actuel du mot « kérygme » n’est pas une simple mode, c’est une redécouverte de l’originalité du message biblique, et, en même temps, une redécouverte de la dimension missionnaire de l’annonce de la parole.
Le kérygme n’est pas une annonce simplifiée de la foi chrétienne : il consiste à ne pas dissocier l’annonce de la vérité et celle de l’événement du salut : le Fils de Dieu est entré dans notre monde et il vient nous sauver.
Le Parcours Alpha est kérygmatique : c’est une annonce du Christ et une invitation à se convertir en rejoignant la communauté des croyants.
Quant aux Cellules, elles invitent chaque chrétien à être témoin de la présence du ressuscité.
On peut dire que la Nouvelle Évangélisation est une redécouverte du kérygme initial de l’Église.
La redécouverte de la prière comme rencontre du Christ tient à la place centrale donnée à l’événement de la résurrection.
Annoncer cet événement, c’est révéler la présence continuelle du Christ, Dieu et homme ressuscité, auprès de ses disciples (Mt 28,20), et la conversion qu’il nous demande est de nous laisser toucher par cette présence.
Publié le 2013-03-01