Selon le Concile de Trente, si nous avons le désir de l’Eucharistie Dieu nous donne la grâce de l’Eucharistie.
A l’inverse, il va de soi que la Messe ne doit pas se substituer à toute autre forme de prière… et qu’une prière silencieuse, une rencontre personnelle du Christ, est indispensable à notre vie spirituelle.
Or l’adoration eucharistique est une des formes, proposée par l’Église, de prière personnelle… et elle est un moyen privilégié de faire l’expérience de cette “communion spirituelle”.
Dans le Nouveau Testament, le désir de se nourrir du Christ n’est pas nécessairement associé au Sacrement de l’Eucharistie.
Dans le “discours du pain de vie”, le chapitre 6 de l’Évangile de Saint Jean, la foule à laquelle s’adresse Jésus n’est pas supposée connaître l’Eucharistie… tout ce qui est dit dans ce chapitre peut être compris de la personne de Jésus, sans être associé au Sacrement.
Ce chapitre parle de la Manne… dans l’Ancien Testament, c’était le “Pain du ciel” (Ps. 78,24)… mais ce pain, nous dit Jésus, n’a pas eu grand pouvoir pour sauver les fils d’Israël (Jn 6,49).
Le “Pain de Dieu” véritable est le Christ en personne (Jn 6,32).
La nourriture est nécessaire à la vie… mais aucun aliment terrestre ne peut être la nourriture de la vie éternelle.
Or la vie éternelle consiste à devenir un seul corps, c’est-à-dire un seul être avec le Fils unique de Dieu.
L’Évangile exprime ce mystère de notre vocation ou de notre destinée par de multiples images.
Il dit que nous demeurons en lui… ou, à l’inverse, que lui demeure en nous… deux formules apparemment opposées… qui expriment, en fait, une même proximité et une même communion.
Dans l’Évangile de Jean, Jésus emploie une autre image : il dit qu’il est la “vigne” et que nous sommes les “branches”… ce qu’on peut traduire en disant que nous sommes une seule plante avec lui !
Saint Paul dit que nous avons “revêtu le Christ” : il est comme un vêtement dans lequel nous pénétrons… non pas un vêtement qui change notre apparence extérieure, mais qui renouvelle notre réalité profonde.
En nous disant qu’il s’est fait nourriture pour ses disciples, Jésus nous révèle donc une dimension essentielle de sa mission et de notre destinée.
Nous devons assimiler le Christ… ou mieux encore nous assimiler à lui, afin de partager sa condition de Fils.
Cette faim du Christ s’exprime dans l’Eucharistie… il serait heureux, en tout cas que chacune de nos communions soit l’aboutissement d’un désir… qu’elle soit vécue comme une façon de satisfaire une faim.
La prière peut être une aspiration à se nourrir du Christ… et cela, en dehors de l’instant de la communion eucharistique.
Le fait de cultiver un tel désir ne peut que donner une signification plus forte à nos communions… et nous garder de la routine.
On sait que l’adoration eucharistique ne doit pas être une façon de se “réfugier dans la prière” et de fuir un certain nombre de responsabilités, qu’elle doit être une prière missionnaire… et permettre de trouver, dans le Seigneur Jésus, la force de transmettre son Évangile.
Si l’adoration nous aide également à faire l’expérience de ce que le Concile de Trente appelle la “communion spirituelle”, on a vu qu’elle nous donne part à la grâce de l’Eucharistie.
Elle ne peut donc pas être regardée comme une déviation par rapport au vrai sens de ce Sacrement.
Benoît XVI rappelait que nos communions ne peuvent porter du fruit que si elles comportent un acte d’adoration du Christ présent.
A l’inverse, l’adoration ne doit pas être opposée à la communion sacramentelle.
L’adoration est le prolongement de la communion… et elle en est l’attente… elle est une façon de cultiver le désir de se nourrir du Christ, de sorte que nos communions ne soient pas superficielles, mais qu’elles soient l’aboutissement d’une attente et d’un désir aimant.
Frères et sœurs, que le Seigneur Jésus vous bénisse… lui qui s’est fait “Pain de vie” pour ses frères.
JCP
Publié le 2007-09-17