… a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié, est mort, et a été enseveli, est descendu aux enfers, le troisième jour est ressuscité des morts,
L’allusion à Ponce Pilate permet de situer ces événements dans l’histoire.
On sait qu’il a été gouverneur de Judée de 26 à 36… et dans le port de Césarée, qui était la capitale romaine de la Palestine, on a retrouvé, en 1961, sur une plaque de marbre, une inscription dédiée à l’empereur Tibère, et portant ces mots : “Ponce Pilate, préfet de Judée”.
Ces deux lignes du Symbole annoncent la mort et la résurrection du Christ. Elles constituent le noyau de ce qu’on appelle le “kérygme”… un mot grec qui veut dire “proclamation”, et qu’on emploie pour désigner la prédication des premiers disciples au lendemain de la Pentecôte.
Ces lignes sont également le noyau le plus ancien du Credo… on le trouve déjà dans la première lettre de Paul aux Corinthiens, écrite autour de l’an 55… alors que la rédaction des évangiles n’est pas encore achevée :
“Je vous ai transmis en premier lieu ce que j’avais moi-même reçu : le Christ est mort pour nos péchés, selon les écritures. Il a été enseveli, il est ressuscité le troisième jour, selon les écritures.” I.Cor 15,3-4)
Paul définit exactement ce qu’on appellera la Tradition (c’est-à-dire : la Transmission) de la foi… du message qui avait été transmis par les Apôtres… que Paul lui-même a reçu… et qu’il a transmis à son tour.
Vingt-cinq ans après la Résurrection, il a le sentiment d’être l’héritier de cette Tradition qui vient des premiers témoins… et le Credo primitif qu’il professe dans ce passage est l’essentiel de leur témoignage.
Les premiers prédicateurs de l’évangile s’adressaient à des juifs qui avaient été scandalisés par la mort et l’humiliation de Jésus.
Les juifs attendaient un Messie royal qui impose son pouvoir aux occupants romains et son autorité aux notables d’Israël.
Une partie d’entre eux avaient cru un moment que Jésus était le Messie attendu… mais l’échec de sa mission avait mis fin à leur espérance.
Les disciples eux-mêmes avaient perdu la foi… et il faudra que, pendant quarante jours, le ressuscité leur fasse découvrir le mystère… de sa présence continuelle… au milieu d’eux.
Il leur faudra ensuite recevoir la force du Saint Esprit… pour oser témoigner de la Résurrection.
Jésus avait refusé le mode de vie qu’on attendait du Messie… et il avait annoncé sa mort et sa résurrection… mais ses disciples ne voulaient pas l’entendre :
“A partir de ce moment, Jésus Christ commença à montrer à ses disciples qu’il lui fallait s’en aller à Jérusalem, souffrir beaucoup de la part des anciens, des grands prêtres et des scribes, être mis à mort et, le troisième jour, ressusciter.
Pierre, le tirant à part, se mit à lui faire des remontrances, en disant : «Dieu t’en préserve, Seigneur ! Non, cela ne t’arrivera pas !»
Mais lui, se retournant, dit à Pierre : «Retire-toi derrière moi, Satan ! Tu es pour moi occasion de chute, car tes vues ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes». Mt 16,21-23)
Ce jour-là, non seulement Pierre avait refusé de croire… mais il prétendait expliquer à son Maître ce qu’on attendait de lui… et Jésus l’avait remis à sa place de disciple… ce qui était une invitation, très sévère, à écouter et à se laisser instruire !
Dès les premiers jours de sa vie publique, il avait dit : “Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice : le Royaume des cieux est à eux.
Heureux êtes-vous lorsqu’on vous insulte, que l’on vous persécute et que l’on dit faussement contre vous toute sorte de mal à cause de moi.” (Mt 5,10-12)
La veille de sa Passion, il avait donné son corps et son sang en disant :
“Ceci est mon corps livré pour vous [sacrifié pour vous] … ceci est mon sang versé pour vous et pour la multitude.” (Luc 22,19-20)
Et c’est seulement à la Pentecôte, avec la lumière et la force de l’Esprit Saint, que les disciples finiront par comprendre ce que Jésus voulait leur dire… ils comprendront que son humiliation et sa mort n’avaient pas été un échec, mais le sommet desa mission.
C’est le message qu’ils annonceront… et qui sera reçu par Paul :
Je vous ai transmis en premier lieu ce que j’avais moi-même reçu : le Christ est mort pour nos péchés, selon les écritures.” (I. Cor 15,3)
JCP
Publié le 2006-02-20