Le Symbole des Apôtres - 14

Dans l’Ancien Testament comme dans l’évangile ou dans les lettres de Saint Paul, la plupart des textes relatifs à la fin du monde et au jugement universel appartiennent à un certain mode d’expression ou genre littéraire qui est celui des “apocalypses”.
Ce passage du Credo utilise également ce langage particulièrement imagé et symbolique.

En parlant du Christ, Saint Paul nous dit que Dieu “l’a ressuscité des morts et fait asseoir à sa droite dans les cieux.” (Eph 1,20)
Ni la “descente aux enfers”, ni la “montée aux cieux”, ni “la droite de Dieu” ne font référence à des lieux !
Il va de soi que ces images ne doivent pas être prises à la lettre !

Il y a deux façons de les prendre à la lettre… celle qui consiste à croire que le monde de Dieu est à l’image de notre monde matériel… et celle qui consiste à refuser de croire, et à prendre les auteurs bibliques pour des simples d’esprit.
Saint Paul était un homme cultivé, et il ne devait pas imaginer que des images aussi évidentes pourraient un jour être comprises au premier degré.

La Bible, et aussi le Credo, ont parfois un langage imagé… mais attention !… ce n’est pas un langage approximatif… un langage auquel on pourrait faire dire un peu tout ce qu’on voudrait !
Dire que le langage du Symbole est imagé ne veut pas dire qu’on cherche à réduire son message à des banalités.

Il est vrai que les croyants ont été un peu échaudés, au siècle dernier, par un certain nombre d’écrivains chrétiens qui prétendaient découvrir des symboles toutes les fois qu’ils étaient mal à l’aise avec le message de la Bible !
Ce genre de subjectivisme est condamnable… mais ce n’est pas une raison pour se braquer dans l’autre sens… et refuser de comprendre un langage imagé quand il est vraiment imagé !

Avec des textes comme celui qui nous intéresse aujourd’hui, la question n’est pas de savoir ce qu’on voudrait lui faire dire… mais ce qu’il veut dire réellement… il s’agit donc de savoir exactement ce que voulaient nous révéler les auteurs bibliques et, à leur suite, l’Eglise qui a transmis leur message dans le Symbole.
Il ne s’agit pas de faire des détours pour esquiver les vérités de la foi… mais, au contraire, de chercher à comprendre, le plus honnêtement possible, ce qui nous est révélé par Dieu.

Et ce message n’a rien d’approximatif… il nous révèle trois aspects importants de la Révélation… qui portent, à la fois, sur la personnalité de Jésus et sur notre destinée éternelle :
1)  le Christ… Dieu et homme… est entré dans la gloire.
2)  il reçoit de son Père tout pouvoir sur les créatures.
3)  son jugement est universel et éternel comme celui de Dieu.

1)  il est monté aux Cieux
On sait que les juifs s’interdisaient de prononcer le nom de Dieu… à la place, ils disaient “le Seigneur”… ou encore “le Ciel”, ou “les Cieux”.
Si vous comparez Saint Luc et Saint Matthieu, vous verrez que le “Royaume des Cieux” et le “Royaume de Dieu” c’est la même chose.

Et quand le Credo nous dit que le Christ est “monté aux Cieux”, cela veut dire qu’il est entré dans la gloire de Dieu.
C’est une révélation sur la personne de Jésus… sur l’aboutissement de son histoire ou de sa mission… mais c’est aussi une révélation sur notre destinée éternelle.

Si le Christ est entré dans la gloire… ce n’est pas seulement en tant que Dieu (ce qui va de soi)… mais aussi en tant qu’homme.
Si le Fils de Dieu s’est fait homme, c’était pour vivre toute notre destinée jusqu’à cette entrée dans la gloire.
Et le jour où il est entré dans cette demeure des Cieux ou de Dieu… on peut dire qu’un homme est entré dans la gloire de la vie divine.
Tout ce qu’il a fait… il ne l’a pas fait pour lui, mais pour nous.
Il ne s’est pas fait homme pour lui… mais pour nous.
S’il est mort sur la croix, c’est pour nous… et s’il est entré, avec sa condition humaine, dans la gloire divine, c’est pour être le premier né, ou le prototype, de notre destinée humaine : “Frères, le Christ est ressuscité d’entre les morts, pour être, parmi les morts, le premier ressuscité.” (I Cor. 15,20)

JCP

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