6. Le témoignage que le Seigneur donne de lui-même et que saint Luc a recueilli dans son Évangile — « Je dois annoncer la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu » — a sans doute une grande portée, car il définit d’un mot toute la mission de Jésus : « C’est pour cela que j’ai été envoyé ». (Lc 4,43)
Le mot grec qu’on traduit par « Royaume de Dieu » signifie plutôt « Règne de Dieu ». Jésus annonce que Dieu règne, c’est-à-dire qu’il est présent et agissant parmi nous : il nous donne son pardon et il nous adopte comme ses fils et ses filles. Aucune Bonne nouvelle n’est comparable à celle-là.
Si le Fils de Dieu a été envoyé, c’est pour accomplir ce règne et, en même temps, pour nous révéler qu’il l’accomplit. C’est cela « annoncer la Bonne Nouvelle du Règne de Dieu ». C’est pour cela aussi qu’il existe un Sacrement de Confirmation : pour que ses disciples continuent d’annoncer cet immense cadeau qui leur a été fait.
7. Bien souvent au cours du Synode, les Évêques ont rappelé cette vérité : Jésus lui-même a été le tout premier et le plus grand évangélisateur. Il l’a été jusqu’au bout : jusqu’à la perfection, jusqu’au sacrifice de sa vie terrestre.
Toute la vie de Jésus est révélatrice des sentiments de Dieu : pas seulement ses paroles, mais ses gestes, son comportement, sa façon d’accueillir et d’aimer, et finalement le sacrifice de sa vie : tout cela nous dévoile la tendresse de Dieu et le projet qu’il a sur nous.
Sans les paroles de l’Évangile, rien de cela n’aurait constitué un message.
Les paroles ont été nécessaires. Mais le comportement de Jésus comporte aussi un message que les paroles ne peuvent pas exprimer.
Comme lui, nous évangélisons par la parole, mais aussi par notre vie et nos actes : en nous faisant serviteurs de notre entourage (notre oikos).
8. Évangélisateur, le Christ annonce tout d’abord un Règne, le Règne de Dieu, telle-ment important que, par rapport à lui, tout devient « le reste », qui est « donné par surcroît ».
Seul le Règne est donc absolu et il relativise tout ce qui n’est pas lui.
Il nous arrive de désirer certaines choses, dans le domaine professionnel, familial ou personnel, de les demander avec ferveur dans la prière… et de désespérer de n’être pas entendu. C’est alors le moment de se demander jusqu’à quel point on les désire : plus que la sainteté, plus que la communion avec Dieu qui est déjà la vie éternelle, plus que le règne de Dieu ?
Si c’est le cas, il est urgent de remettre tout cela en question, ce qui peut être un déchirement, et de dire : « Que ton règne vienne. »… « Tout le reste » est accessoire : il nous sera peut-être donné, mais « par surcroît », si Dieu le veut, sinon peu importe.
On peut continuer de le désirer, mais tout en s’en remettant à la sagesse de Dieu : en disant « Que ta volonté soit faite. »
On sera alors dans la paix, que Dieu le donne ou pas, parce que l’essentiel est la rencontre avec le Christ, prélude de la vie éternelle.
Quant à l’adoration eucharistique, c’est un bon moyen de se centrer sur l’essentiel, de relativiser le reste, et de trouver la paix.
9. Comme noyau et centre de sa Bonne Nouvelle, le Christ annonce le salut, ce grand don de Dieu qui est libération de tout ce qui opprime l’homme mais qui est surtout libération du péché et du Malin, dans la joie de connaître Dieu et d’être connu de lui, de le voir, d’être livré à lui.
Les adeptes du New Age proposent toutes sortes de recettes de vie spirituelle qui ne nécessitent aucune vraie conversion.
Jésus sait qu’il n’y pas de vie en Dieu sans une libération du péché qui nous habite et nous tient en esclavage. Sans un vie sainte, on ne peut pas vraiment connaître le Christ et la joie de demeurer en lui.
La règle de vie des cellules (adoration, service, témoignage de foi) est un bon moyen de se libérer de cet esclavage et de se rapprocher du Seigneur.
10. Ce Règne et ce salut … tout homme peut les recevoir comme grâce et miséricorde, et pourtant simultanément chacun doit les conquérir … moyennant un total renversement intérieur … une conversion radicale, un changement profond du regard et du cœur.
Ces moments de conversion, qui peuvent revenir plusieurs fois dans une existence, peuvent être crucifiants, mais ce sont aussi des étapes nécessaires dans notre marche à la rencontre du Seigneur, et vers la vie à laquelle il nous destine : « Le sacrifice voulu par Dieu, c’est un esprit brisé : un cœur brisé et broyé, Dieu, tu ne le rejettes pas. » (Psaume 51,19)
Ceux qui peuvent dire « Que ta volonté soit faite » dans ces moments de remise en cause de soi, sont brisés, et en même temps dans une grande paix.
Frères et sœurs, que le Seigneur vous guide sur ce chemin de la vie.
Publié le 2012-02-15