Evangelii nuntiandi - 8

28. L’évangélisation par conséquent ne peut pas ne pas contenir l’annonce prophétique d’un au-delà, vocation profonde et définitive de l’homme … au-delà du temps et de l’histoire, au-delà de la réalité de ce monde qui passe …

Les disciples du Christ ne méprisent pas ce monde : ils y accomplissent de leur mieux leur devoir d’état… mais leur raison de vivre est au delà de ce monde. Saint Jean écrit : “Mes bien-aimés, dès à présent nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. Nous savons que, lorsqu’il paraîtra, nous lui serons semblables, puisque nous le verrons tel qu’il est.” (I Jn 3,2)
Maintenant, c’est dans l’obscurité de la foi et au milieu des épreuves que nous partageons la filiation divine de Jésus, mais nous sommes appelés à entrer dans la plénitude de cette vie d’enfant de Dieu.
Si confortable que soit notre situation en ce monde, nous n’y sommes pas à notre vraie place : « comme des étrangers et des voyageurs. » (I Pet. 2,11) qui « aspirent à une patrie meilleure. » (Héb. 11,16)
Ce monde, auquel nous nous accrochons, n’est pas notre vraie demeure : « Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures… je vais vous préparer une place… je viendrai et je vous prendrai près de moi, afin que, là où je suis, vous soyez, vous aussi. » (Jn 14,2)

L’évangélisation contient donc aussi la prédication de l’espérance dans les promesses faites par Dieu dans la nouvelle alliance en Jésus-Christ ; la prédication de l’amour de Dieu envers nous et de notre amour pour Dieu ; la prédication de l’amour fraternel pour tous les hommes … la prédication du mystère du mal et de la recherche active du bien.

Celui qui évangélise ne doit pas édulcorer le message de l’Évangile : il ne doit pas craindre d’en dire toutes les dimensions et toutes les exigences.
Il invite chacun à renoncer au mal pour mener une vie sainte… c’est-à-dire une vie où l’amour est la priorité. Celui qui a découvert l’immense tendresse de Dieu ne peut plus refuser son amour à ses frères.

C’est une prédication, également, et celle-ci est urgente, de la recherche de Dieu lui-même à travers la prière surtout l’adoration et l’action de grâces, mais aussi à travers la communion avec ce signe visible de la rencontre de Dieu qu’est l’Église de Jésus-Christ, et … avec les signes du Christ vivant et agissant dans l’Église que sont les sacrements.

Évangéliser, c’est conduire vers le Christ. Un des aspects importants de l’évangélisation consiste donc à inviter ses frères à faire la rencontre du Christ dans l’adoration : c’est bien une façon d’évangéliser.
C’est aussi aider ses frères à trouver leur place dans l’Église.
Jésus a fait l’Église pour que cette communauté soit le signe et le lieu de sa présence… et il a donné les Sacrements à son Église pour qu’ils soient le garant de sa présence et de son action. C’est lui qui, aujourd’hui est présent et agissant dans les Sacrements.

Vivre de la sorte les sacrements … n’est pas, comme certains le prétendraient, mettre un obstacle à l’évangélisation … c’est lui donner toute son ampleur.

On a vu naître, au milieu du siècle dernier, des groupes de chrétiens très engagés, mais plus ou moins coupés de la communauté pratiquante qu’ils regardaient avec une certaine condescendance.
Paul VI veut leur dire qu’ils sont sur une fausse piste.
Évangéliser, c’est proposer les Sacrements : on ne peut pas faire un plus grand cadeau à ceux que l’on aime.
Une évangélisation qui n’est pas ecclésiale, sacramentelle et eucharistique est fragile et superficielle : une communauté chrétienne qui n’est pas eucharistique n’est pas pleinement chrétienne.
C’est pourquoi nos cellules sont « paroissiales », parce que la Paroisse est le lieu de l’assemblée eucharistique.

Car la totalité de l’évangélisation, au-delà de la prédication d’un message, consiste à implanter l’Église, laquelle n’existe pas sans cette respiration qu’est la vie sacramentelle culminant dans l’Eucharistie.

Évangéliser, c’est implanter l’Église, qui est le lieu de la présence du Christ… et c’est amener des frères et des sœurs à l’Eucharistie, qui est, plus que tout autre, le Sacrement de la rencontre du Christ : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang possède la vie éternelle. » (Jn 6,54)

Que le Seigneur vous bénisse, vous qui trouvez dans l’Eucharistie et dans l’adoration, la force d’être des témoins.

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