Frères et sœurs nous sommes appelés à témoigner de notre foi dans un monde qui se passe de Dieu : un monde pressé et superficiel qui se rassasie de nourritures terrestres. À côté de l’indifférence des incroyants on se heurte aussi à la tiédeur des non-pratiquants :
56. Sécularisme athée et absence de pratique religieuse se trouvent chez les adultes et chez les jeunes, chez l’élite et dans les masses, dans tous les secteurs culturels, dans les vieilles comme dans les jeunes Églises. L’action évangélisatrice de l’Église, qui ne peut pas ignorer ces deux mondes ni s’arrêter en face d’eux, doit chercher constamment les moyens et le langage adéquats pour leur proposer ou leur reproposer la révélation de Dieu et la foi en Jésus-Christ.
Il faut être inventif pour trouver un comportement qui les touche et un langage qui soit adapté à chacun. Il faut être d’autant plus inventif qu’on ne peut pas se contenter de leur plaire au détriment de la fidélité à l’Évangile : dans cette société permissive, on trahirait l’Évangile si on passait sous silence la nécessité d’une conversion.
Dieu « veut que tout homme soit sauvé et parvienne à la connaissance de la vérité. » (I Tim. 2,4) Mais comment toucher la foule des hommes qui vivent loin de Dieu et ne connaissent pas sa Bonne Nouvelle ?
57. Le message évangélique n’est pas réservé à un petit groupe d’initiés, de privilégiés ou d’élus mais destiné à tous. L’Église fait sienne l’angoisse du Christ devant les foules errantes et prostrées « comme des brebis qui n’ont pas de berger » (Mt 9,36) et répète souvent sa parole : « J’ai pitié de cette foule ». (Mt 15,32)
Et pourtant, l’Évangile ne peut atteindre la foule des hommes que s’il est transmis par des communautés ferventes : non pas fermées sur elles-mêmes, mais désireuses de partager le trésor qu’elles ont reçu :
58. Le Synode s’est beaucoup occupé de ces petites communautés ou « communautés de base ». Que sont-elles et pourquoi seraient-elles destinataires spéciales d’évangélisation et en même temps évangélisatrices ?
Elles naissent du besoin de vivre plus intensément la vie de l’Église ; ou du désir et de la recherche d’une dimension plus humaine, que des communautés ecclésiales plus grandes peuvent difficilement offrir …
Une grande paroisse est ouverte à tous : elle rassemble toutes les sensibilités. Par contre elle ne peut pas donner la chaleur humaine et fraternelle d’une petite communauté. Il est donc nécessaire qu’il existe, au sein d’une paroisse des communautés à échelle humaine qui, en vivant une grande fraternité, seront évangélisatrices.
Cependant, il ne suffit pas d’être une petite communauté. Certaines communautés de base sont des groupes contestataires et politisés, tels que les adeptes, en Amérique latine, de la « théologie de la libération ».
De telles communautés de base s’assemblent dans un esprit de critique acerbe de l’Église qu’elles stigmatisent volontiers comme « institutionnelle » …
Les communautés qui par leur esprit de contestation se coupent de l’Église, dont elles lèsent l’unité, peuvent bien s’intituler « communautés de base », mais c’est là une désignation strictement sociologique. Elles ne pourraient pas, sans abus de langage, s’intituler communautés ecclésiales de base, même si elles ont la prétention de persévérer dans l’unité de l’Église tout en étant hostiles à la Hiérarchie.
Paul VI et les évêques définissent alors les communautés ecclésiales dont l’Église a besoin pour témoigner et être missionnaire. Ce passage dit l’essentiel du projet de vie de nos cellules paroissiales d’évangélisation.
Ces communautés seront un lieu d’évangélisation, au bénéfice des communautés plus vastes, spécialement des Églises particulières (les diocèses) et elles seront une espérance pour l’Église universelle, dans la mesure où :
1) elles cherchent leur aliment dans la Parole de Dieu et ne se laissent pas emprisonner par la polarisation politique ou par les idéologies à la mode ;
2) elles évitent la tentation toujours menaçante de la contestation systématique et de l’esprit hypercritique, sous prétexte d’authenticité et d’esprit de collaboration ;
3) elles restent fermement attachées à l’Église locale dans laquelle elles s’insèrent, et à l’Église universelle, évitant ainsi le danger de s’isoler en elles-mêmes, puis de se croire l’unique authentique Église du Christ, et donc d’anathématiser les autres communautés ecclésiales ;
4) elles gardent une sincère communion avec les Pasteurs que le Seigneur donne à son Église et avec le Magistère que l’Esprit du Christ leur a confié ;
5) elles ne se prennent jamais pour l’unique destinataire ou l’unique agent d’évangélisation mais, conscientes que l’Église est beaucoup plus vaste et diversifiée, elles acceptent que cette Église s’incarne autrement qu’à travers elles ;
6) elles croissent chaque jour en conscience, zèle, engagement et rayonnement missionnaire ;
7) elles se montrent en tout universalistes et jamais sectaires.
À ces conditions-là, exigeantes certes mais exaltantes, les communautés ecclésiales de base correspondront à leur vocation la plus fondamentale : auditrices de l’Évangile qui leur est annoncé et destinataires privilégiées de l’évangélisation, elles deviendront elle-mêmes sans tarder annonciatrices de l’Évangile.
Je suppose que vous adhérez à chacune de ces propositions. Votre désir d’évangéliser découle de votre attachement à l’Église du Christ.
Que le Seigneur bénisse votre projet de vie.
Publié le 2012-09-15