Frères et sœurs, la dernière demande qui m’a été faite de votre part est un enseignement sur ce qu’on appelle “les fins dernières”, c’est-à-dire sur la vie après la mort : enfer, purgatoire, filiation adoptive, entrée dans la communion des personnes divines et résurrection universelle.
Vous vous souvenez naturellement que ces sujets ont été abordés dans le commentaire du Symbole, en particulier dans les n° 26 et 27 sur la résurrection (Enseignements 61 et 62).
Ce sont des révélations qui sont apparues à la fin de l’Ancien Testament, peu de temps avant l’Évangile, en particulier dans le second livre des “martyrs d’Israël” (II Macc.)… écrit vers l’an 100 avant J.C.
Un jeune homme, persécuté pour sa foi, se dit prêt à “endurer maintenant une douleur passagère en vue d’une vie intarissable”, et il dit à son persécuteur : “tandis que toi, par le jugement de Dieu, tu porteras le juste châtiment de ton orgueil.” (II Macc. 7,36)
Un autre dit : “Le roi du monde, parce que nous serons morts pour ses lois, nous ressuscitera pour une vie éternelle. » (II Macc. 7,9)
On trouve aussi cette révélation dans le Livre de la Sagesse, écrit peu de temps après : “Les justes vivent pour toujours ; leur salaire dépend du Seigneur et le Très-Haut prend soin d’eux.” (Sag. 5,15)
Ce qu’on appelle le “Purgatoire” est une vérité de foi qui signifie que si notre conversion n’est pas achevée sur cette terre, elle se poursuivra après cette vie… jusqu’à ce que la charité ait totalement transformé notre cœur et l’ait rendu apte à entrer dans la communion des personnes divines.
La “Tradition” de l’Église, héritée du Christ, ne porte pas seulement sur les vérités qu’elle nous transmet, mais aussi sur la vie et la prière de l’Église. Or, depuis que l’Église existe, elle invite les croyants à prier pour les morts. Une telle prière ne peut avoir de sens que pour ceux d’entre les morts qui connaissent un temps de conversion et de purification.
Et vous le savez, la prière pour les morts n’est pas un aspect marginal de la vie de l’Église… elle a une grande place dans la foi du peuple chrétien. On le voit chaque année à l’occasion du 1er et du 2 novembre.
On le voit également dans les intentions de prière qui sont demandées à l’occasion des messes (la prière de l’Église par excellence), et qui sont, le plus souvent, des prières d’intercession pour les morts.
La prière pour les morts existait dans l’Ancien Testament : elle est mentionnée dans le second livre des “martyrs d’Israël” (II Macc. 12,40-45). Ce même livre fait également allusion à l’intercession des morts pour les vivants (II Macc. 15,14).
On a dit bien des choses erronées sur le Purgatoire… mais la situation actuelle, où l’on n’en parle plus, n’est pas sans danger… et certains vont chercher hors de la foi des représentations bien plus erronées.
La mode actuelle est à la réincarnation, qui fait rêver certains de nos contemporains. On peut d’ailleurs leur faire remarquer que les religions orientales sont loin d’avoir une vue aussi optimiste de la réincarnation.
En général, elles ne la voient pas comme un objectif… mais plutôt comme une fatalité à laquelle on tente d’échapper… le but étant de se libérer de ce cycle pour entrer dans une béatitude définitive.
L’idée de réincarnation est présente dans la plupart des religions primitives. Elles ont l’idée d’une certaine survie de l’âme, mais, ne sachant pas se la représenter, elles l’imaginent comme un recommencement de la vie actuelle, dans un autre corps.
Quoi qu’il en soit, cette représentation de la vie future est incompatible avec l’Évangile qui nous révèle l’enjeu éternel de chaque existence.
C’est notre existence actuelle qui décide de ce que sera notre destinée éternelle… et rien dans l’Évangile ne permet de supposer qu’on puisse rater son existence en espérant mieux réussir une prochaine fois.
À propos du Purgatoire, le Concile Vatican II précise que certains disciples “ayant achevé leur vie, sont encore soumis à la purification.” (Lumen gentium, n° 49)
S’agit-il d’une purification par les souffrances, ou par la charité ?
La souffrance sans la charité n’est rien (I Cor. 13,3)… mais la charité peut être un don de soi, et elle peut être une souffrance qui purifie… nous savons qu’elle l’est dans toute conversion véritable.
Sainte Catherine de Gênes (1447-1510), dans son “Traité du Purgatoire” décrit cet état comme un “bonheur” et, en même temps, une souffrance.
Mais notre conclusion sera ce texte de saint Paul (I Cor. 3,13) :
“L’ouvrage accompli par chacun[au cours de sa vie]sera mis en évidence [par le jugement de Dieu].Le jour du jugement fera connaître[cet ouvrage], car[le jugement] se manifeste par le feu, et le feu éprouvera ce que vaut l’ouvrage de chacun.
Celui dont l’ouvrage subsistera recevra un salaire [la gloire de Dieu].
Celui dont l’ouvrage sera consumé [par ce feu] sera privé [de ce salaire].
Lui-même sera sauvé, mais comme on l’est à travers le feu.”
On sait que seule la charité est impérissable (I Cor. 13,8), tout le reste passera. Tout ce qui, dans la destinée d’un homme, n’est pas construit sur la charité devra être purifié, comme un métal est purifié par le feu.
Au delà de cette vie, cet homme sera purifié, non pas pour sa perte, mais pour qu’il soit et sauvé et sanctifié.
Cet enseignement de Paul ne peut se comprendre que du Purgatoire.
Frères et sœurs, que Dieu vous bénisse.
Que son Esprit de charité vous sanctifie.
JC.P.
Publié le 2010-05-31