Frères et sœurs, vous êtes l’Église : le Corps du Christ, et en témoignant de votre foi, vous aidez des hommes et des femmes à rejoindre cette Église qui est le lieu de la rencontre du Christ.
16. Il y a donc un lien profond entre le Christ, l’Église et l’évangélisation : c’est l’Église qui a la tâche d’évangéliser. Cette tâche ne s’accomplit pas sans elle, encore moins contre elle. [Certains] prétendent aimer le Christ mais sans l’Église, écouter le Christ mais non l’Église, être au Christ mais en dehors de l’Église.
Si Jésus a confié à son Église son Évangile et ses Sacrements, on ne peut, en aucun cas, opposer le Christ et l’Église.
On ne peut pas rejeter l’Église sans rejeter le Christ. Il disait à ses disciples, c’est-à-dire à son Église naissante : « Qui vous écoute m’écoute, et qui vous rejette, me rejette. » (Luc 10,16).
En écoutant l’Église, nous avons donc la certitude de recevoir le message de Jésus, et c’est en elle que nous pouvons le rencontrer.
Si le Christ a aimé son Église, comment pouvons-nous ne pas l’aimer ?
Saint Paul écrit : « Maris, aimez vos femmes comme le Christ a aimé l’Église et s’est livré lui-même pour elle. » (Éph. 5, 25)
Ce n’est pas sans raison que Paul compare l’Église à une épouse. Il sait qu’un mariage est indissoluble, et il veut dire que le Christ et l’Église sont inséparables, comme le sont des époux.
Évangéliser, c’est donc ouvrir aux hommes les portes de l’Église.
Cette annonce de l’Évangile a deux dimensions inséparables : le geste et la parole. Le geste a besoin d’être expliqué par la parole, et la parole ne peut être entendue que si elle est associée à des gestes d’amour.
21. L’Évangile doit être proclamé d’abord par un témoignage. Voici un chrétien ou un groupe de chrétiens qui, au sein de la communauté humaine dans laquelle ils vivent, manifestent leur capacité de compréhension et d’accueil, leur communion de vie et de destin avec les autres, leur solidarité dans les efforts de tous pour tout ce qui est noble et bon. Voici que, en outre, ils rayonnent, d’une façon toute simple et spontanée, leur foi en des valeurs qui sont au-delà des valeurs courantes, et leur espérance en quelque chose qu’on ne voit pas, dont on n’oserait pas rêver. Par ce témoignage sans paroles, ces chrétiens font monter, dans le cœur de ceux qui les voient vivre, des questions irrésistibles : Pourquoi sont-ils ainsi ? Pourquoi vivent-ils de la sorte ? Qu’est-ce — ou qui est-ce — qui les inspire … Un tel témoignage est déjà proclamation silencieuse mais très forte et efficace de la Bonne Nouvelle. Il y a là un geste initial d’évangélisation … À ce témoignage, tous les chrétiens sont appelés et peuvent être, sous cet aspect, de véritables évangélisateurs.
Le témoignage est premier. Sans lui, l’annonce de l’Évangile ne peut pas être entendue. Il peut être donné par tout disciple, quelle que soit sa connaissance du Christ et de l’Évangile. Et ce témoignage peut prendre des formes innombrables selon le charisme de chacun.
Vous retrouvez là l’invitation à nous mettre au service d’une ou plusieurs personnes de notre oikos en ayant toutes sortes de prévenances.
22. Et cependant cela reste toujours insuffisant, car le plus beau témoignage se révélera à la longue impuissant s’il n’est pas éclairé, justifié — ce que Pierre appelait donner « les raisons de son espérance » (I Pet. 3,15), explicité par une annonce claire, sans équivoque, du Seigneur Jésus. La Bonne Nouvelle proclamée par le témoignage de vie devra donc être tôt ou tard proclamée par la parole de vie.
Il n’y a pas d’évangélisation vraie si le nom, l’enseignement, la vie, les promesses, le Règne, le mystère de Jésus de Nazareth Fils de Dieu ne sont pas annoncés …
Cette annonce — kérygme, prédication ou catéchèse — prend une telle place dans l’évangélisation qu’elle en est souvent devenue synonyme. Elle n’en est cependant qu’un aspect.
On appelle « kérygme » le profession de foi en Jésus fils de Dieu et ressuscité et l’appel à se convertir.
Quelle que soit la forme qu’elle prendra (prédication, catéchèse, ou simple témoignage de foi), la parole est nécessaire.
Sans une annonce explicite de l’Évangile, le témoignage de vie ne suffit pas à susciter une conversion et une rencontre du Christ.
Notre parole peut être savante ou très modeste. Une parole savante ne sera pas nécessairement la plus efficace. Celui qui dit le peu qu’il a découvert personnellement de Jésus peut quelquefois toucher les cœurs d’une façon bien plus profonde.
La forme la plus modeste de la parole consiste à se laisser identifier comme chrétien, de sorte que notre entourage comprendra le sens de nos attentions ou de notre disponibilité.
Si cela suscite des interrogations, nous pourrons alors dire d’une façon plus explicite notre foi, même si nos réponses sont partielles et imparfaites. Personne ne peut donner une réponse parfaite.
D’autre part, ceux qui nous questionnent seront touchés par le fait d’avoir rencontré un croyant qui témoigne de sa foi, quelle que soit la qualité de nos réponses.
Que le Seigneur inspire votre témoignage.
Publié le 2012-03-15