Ce chapitre nous appelle à être des témoins authentiques :
76. Considérons maintenant la personne même des évangélisateurs.
On répète souvent, de nos jours, que ce siècle a soif d’authenticité …
Plus que jamais le témoignage de la vie est devenu une condition essentielle de l’efficacité profonde de la prédication. Par ce biais-là nous voici, jusqu’à un certain point, responsables de la marche de l’Évangile que nous proclamons.
Après avoir dit que le témoignage ne consiste pas à annoncer nos opinions personnelles, mais le message de l’Évangile avec fidélité, Paul VI précise qu’il ne suffit pas de transmettre le message du Christ… il faut aussi en vivre.
La révélation du Nouveau Testament, ce n’est pas seulement des paroles.
Si les paroles avaient suffi, Dieu nous aurait simplement envoyé des prophètes, comme dans l’Ancien Testament.
Pour nous révéler l’immensité de la tendresse du Père, pour nous révéler son projet de faire de nous des fils adoptifs, il fallait plus que des paroles.
C’est pourquoi le Fils de Dieu s’est fait homme : lui, le Fils unique s’est fait le frère des hommes.
Notre témoignage ne peut donc être crédible que si, nous-mêmes, nous vivons en fils de Dieu et en frères les uns des autres.
« Qu’en est-il de l’Église dix ans après la fin du Concile ? » demandions-nous au début de cette méditation.
Est-elle ancrée au cœur du monde et pourtant assez libre et indépendante pour s’adresser au monde ? … Est-elle plus ardente dans la contemplation et l’adoration et plus zélée dans l’action missionnaire, caritative, libératrice ? … Nous sommes tous responsables des réponses que l’on pourrait donner à ces interrogations …
Nous sommes ancrés au cœur du monde par notre vie scolaire, familiale ou professionnelle. Mais, pour être des témoins, nous devons nous sentir libres de vivre selon les valeurs de l’Évangile, et libres d’en parler.
La réforme conciliaire nous a libérés de certaines lourdeurs et de certaines anomalies de la liturgie, mais, en même temps, elle nous appelle à revenir à l’essentiel : la rencontre du Christ dans l’adoration, source de la mission, source d’un amour fraternel plus généreux, et source d’une vraie libération de l’esclavage du péché.
Jésus disait : « Si quelqu’un m’aime, il observera ma parole, et mon Père l’aimera ; nous viendrons à lui et nous établirons chez lui notre demeure. » (Jn 14,23)
C’est l’amour du Christ qui nous rendra fidèles à ses paroles, et ainsi, fera de nous des témoins.
Nous exhortons … tous les laïcs conscients de leur rôle évangélisateur au service de leur Église ou au cœur de la société et du monde.
Nous leur disons à tous : il faut que notre zèle évangélisateur jaillisse d’une véritable sainteté de vie alimentée par la prière et surtout par l’amour de l’Eucharistie.
Certains se veulent efficaces au service de l’Église, et ils pensent ne pas avoir de temps pour la prière et la pratique fréquente de l’Eucharistie.
En vérité, notre désir d’évangéliser ne sera vraiment fécond et inspiré que s’il est nourri par la prière… il ne trouvera des chemins nouveaux pour toucher les cœurs et les conduire vers le Christ que s’il est nourri de la présence du Christ.
Le monde réclame des évangélisateurs qui lui parlent d’un Dieu qu’ils connaissent et fréquentent comme s’ils voyaient l’invisible. (Héb. 11,27)
Le monde réclame et attend de nous simplicité de vie, esprit de prière, charité envers tous, spécialement envers les petits et les pauvres, obéissance et humilité, détachement de nous-mêmes et renoncement. Sans cette marque de sainteté, notre parole fera difficilement son chemin dans le cœur de l’homme de ce temps. Elle risque d’être vaine et inféconde.
Le Fils de Dieu s’est rendu visible… et pour celui qui se nourrit de l’Évangile, il est plus proche que ses amis les plus intimes.
Dans la prière et dans l’Eucharistie, il a le sentiment de le connaître et de le fréquenter… et quand il parlera de lui, il n’en parlera pas comme d’un personnage lointain, ou comme d’un maître disparu, mais comme de son ami le plus fidèle. C’est cela évangéliser.
La « nouvelle évangélisation » n’est pas une recette nouvelle qui nous dispenserait de la sainteté.
C’est un appel fait à tous les confirmés pour qu’ils mettent en œuvre les dons de l’Esprit qu’ils ont reçus… pour qu’ils comprennent l’urgence de leur mission dans un monde qui s’éloigne de la Source de Vie… pour qu’ils comprennent qu’ils ne peuvent pas être des tièdes.
Le chemin nous est montré par les saints dont nos cellules portent le nom.
C’est un chemin de simplicité, de prière, de tendresse pour les plus faibles, de soumission et de modestie, de renoncement à ce qui pourrait constituer un contre-témoignage.
Que le Seigneur vous guide sur ce chemin d’amour et de don de soi.
Publié le 2012-11-10