Frères et sœurs, puisque c’est l’année Saint Paul, nous sommes invités à découvrir ses écrits, qui sont les premiers documents de la foi chrétienne, et sont, par certains côtés, plus abordables que les Évangiles.
La première lettre aux Thessaloniciens a été écrite en 50, plus de 20 ans avant que le texte des Évangiles ne se fixe sous sa forme actuelle.
1 Co 11, écrit en 57, est le plus ancien document sur l’Eucharistie.
Les épîtres de Paul ne sont pas des lettres fictives, mais de vraies lettres, écrites dans des circonstances précises, pour des destinataires précis.
La lettre aux Romains est un traité de théologie mais elle répond à des questions que se posent les Juifs et les païens convertis de Rome.
Qui est Paul ? Il dit de lui-même : « Je suis Juif, de Tarse en Cilicie, citoyen d’une ville qui n’est pas sans renom. » (Ac 21,39)
Tarse, non loin de la Syrie et du Liban, est au confluent du monde gréco-romain et des civilisations orientales de Mésopotamie et de Perse.
La ville, hellénisée depuis trois siècles, à la suite des conquêtes d’Alexandre le grand, est devenue une des trois métropoles culturelles de l’empire romain, avec Athènes et Alexandrie.
Paul est “citoyen” de Tarse : ce qui veut dire qu’il appartient à une famille de notables de la ville. Mais il est surtout “citoyen romain” de naissance, ce qui suppose des parents ayant une grande fortune ou des protections puissantes. Une telle “citoyenneté” confère toutes sortes d’immunités, et elle lui sauvera la vie au cours de ses missions.
Cette appartenance au monde gréco-romain ne diminue en rien son appartenance à Israël. Il écrit, à propos de missionnaires Juifs qui s’opposent à lui : « Ils sont hébreux, moi aussi (parlant l’hébreu et l’araméen), ils sont Israélites, moi aussi (appartenant au Peuple élu), ils sont postérité d’Abraham, moi aussi… » (2 Co 11,22)
On suppose qu’il est né une dizaine d’années après Jésus, vers l’an 5.
Son nom juif est Saül (Shaoul), ce qui veut dire : “Désiré”… son nom de citoyen romain est Paul. Devenu l’Apôtre des païens, c’est le nom qu’il utilisera dans ses missions auprès du monde romain.
On comprend cette révélation du Seigneur au sujet de Paul : « cet homme est l’instrument que j’ai choisi » (Ac 9,15). Il personnifie l’union providentielle du Judaïsme et du monde gréco-romain.
Comme Jésus et les Apôtres, Saint Paul est au moins bilingue : il parle araméen (et hébreu) avec les Juifs de Palestine, et grec au cours de ses missions (et dans ses lettres).
Il se vante d’appartenir au groupe des Pharisiens, strictement fidèle à la Loi de Moïse : « circoncis dès le 8e jour, de la race d’Israël, de la tribu de Benjamin, Hébreu fils d’hébreux, pour la Loi, pharisien ». (Phm 3,5)
C’est ce zèle au service de la Loi qui a fait de lui, dans un premier temps, un persécuteur de l’Église.
« Je suis Juif né à Tarse en Cilicie ; mais j’ai été élevé ici, dans cette ville (à Jérusalem) et c’est aux pieds de Gamaliel que j’ai été instruit de la loi de nos Pères dans toute son exactitude ». (Ac 22,3)
Paul est un “docteur de la Loi” : son maître Gamaliel était considéré comme le plus savant des scribes pharisiens de son temps. Mais les rabbins considèrent qu’un étudiant doit avoir aussi un métier manuel. Il fabrique des tentes en toile de Cilicie, faites de poils de chèvres.
Il dit avoir peiné jour et nuit pour n’être pas à charge. (1 Th 2,9)
Après quelques années d’études à Jérusalem, il est probablement retourné à Tarse… Il semble avoir été absent de Jérusalem entre 27 et 30, pendant la période où il aurait pu rencontrer Jésus.
Paul est un sensible : il perd quelquefois ses moyens. Pour rétablir la situation à Corinthe il doit envoyer Tite (2 Co 8,16-17 – 2 Co 7,14-15).
Les mauvaises langues disent : « Ses lettres ont du poids et de la force, mais une fois présent, il est faible et sa parole nulle. » (2 Co 10,10)
Il se contente de leur répondre : « Nul pour l’éloquence, d’accord, mais pour la connaissance c’est autre chose ! » (2 Co 11,6)
Il doit supporter une difficulté éprouvante, probablement une maladie : « pour m’éviter tout orgueil il a été mis une écharde dans ma chair, un ange de Satan chargé de me frapper ». (2 Co 12,7-10)… peut-être une ophtalmie (maladie fréquente), puisqu’il écrit aux Galates : « Vous vous seriez arraché les yeux pour me les donner ». (Ga 4,15)
Cependant, ils est robuste : il a fait des voyages très éprouvants jusqu’à plus de 60 ans… sans oublier le travail manuel et la prédication.
“Des Juifs, j’ai reçu cinq fois les trente-neuf coups, trois fois, j’ai été flagellé, une fois, lapidé, trois fois, j’ai fait naufrage”. (2 Co 11,24-25)
On mourait assez souvent de la flagellation… et de la lapidation, presque toujours.
Il existe des déracinés, qui sont à la croisée de civilisations diverses. Ils sont un peu tout sans être rien de précis.
Ce n’est pas le cas de Paul : il a assimilé, avec succès, plusieurs cultures.
Comme Juif, il est pharisien et docteur de la loi, disciple de Gamaliel.
Comme habitant de Cilicie, il est citoyen de Tarse.
Comme helléniste, il est cultivé et possède bien le grec.
Comme sujet de l’empire, il est citoyen romain.
Comme chrétien, il sera Apôtre et missionnaire… et sera l’artisan principal, avec la grâce de Dieu, de l’universalisation de l’Église.
Son message est avant tout un message d’amour. Relisez son hymne à la charité dans la Première lettre aux Corinthiens, 12,31 à 13,13.
Auteur inspiré, son enseignement a la même autorité que l’Évangile.
Que la grâce de l’Esprit vous donne de l’aimer et de le comprendre.
JC.P.
Publié le 2008-11-10