À l’occasion de la Pentecôte, je vous propose de relire, dans l’Évangile de saint Matthieu, deux paraboles, très courtes, mais très percutantes, sur l’urgence et la nécessité de l’évangélisation.
La première se passe un soir dans une salle de séjour, c’est une histoire de lampe à huile. La seconde a lieu un matin dans une cuisine, quand on s’aperçoit qu’on a acheté du sel qui ne sale pas !
“Quand on allume une lampe, ce n’est pas pour la mettre sous le boisseau, mais sur son support et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. De même, que votre lumière brille aux yeux des hommes, pour qu’en voyant ce que vous faites de bien, ils rendent gloire à votre Père qui est aux cieux.” (Mt 5,15-16)
Allumer une lampe à huile et faire en sorte qu’elle n’éclaire pas : la mettre sous un tonneau à grain, c’est-à-dire sous un couvercle assez grand pour qu’elle ne s’éteigne pas, mais assez étanche pour que la maison reste dans le noir… c’est un exemple de comportement totalement absurde, surtout à une époque où les famines étaient fréquentes et où l’huile était un aliment précieux.
La foi est comme la lumière d’une lampe à huile : elle n’est pas faite pour être cachée à tout prix, mais pour être manifestée de diverses façons, et pour éclairer notre entourage (notre oikos… notre maison).
Ce qui veut dire qu’un croyant ne peut pas ne pas évangéliser.
On peut remarquer à quel point cette histoire est actuelle.
Combien de croyants font tout pour ne rien laisser paraître de leur foi !
Ils pensent que la foi est une affaire privée, une chose dont on ne parle pas. Parler de sa foi, ça ne se fait pas !
Jésus veut dire qu’une telle attitude est aussi aberrante que le fait d’allumer une lampe à huile en faisant tout pour qu’elle n’éclaire pas.
Notre foi est la lumière dont les hommes ont besoin : il faut qu’elle brille.
Autre parabole : “Vous êtes le sel de la Terre. Mais si le sel devient insipide, avec quoi peut-on le saler ? Il ne vaut plus rien ; on le jette dehors et il est foulé aux pieds par les hommes.” (Mt 5,13)
Une pomme de terre sans sel, c’est insipide (par définition), mais c’est mangeable, faute de mieux.
Mais en supposant que du sel devienne insipide : il ne peut strictement servir à rien. Du sel qui ne sale pas n’est bon que pour la poubelle.
L’idée de cette parabole, c’est que nous, les disciples du Christ, nous avons été choisis par Dieu pour être le sel de la Terre : un sel qui va donner du goût et du sens à notre vie et à celle de notre entourage.
Si nous étions comparables à des pommes de terre pas salées, nous serions mangeables, faute de mieux.
Mais Jésus ne nous compare pas à des pommes de terre, il nous compare au sel de la Terre : nous sommes là pour donner du goût et du sens au monde qui nous entoure.
S’il nous arrivait d’être un sel qui ne sale pas, nous serions bons à jeter.
Notre vie serait aussi inutile que du sel pas salé et aussi absurde qu’une lampe allumée sous un grand couvercle.
Ce langage radical veut sortir les disciples de leur torpeur.
C’est pourquoi Jésus conclut en disant : “Que votre lumière brille aux yeux des hommes, pour qu’en voyant ce que vous faites de bien, ils rendent gloire à votre Père qui est aux cieux.” (Mt 5,15-16)
Celui qui a gardé la foi qu’il avait reçue, mais qui n’a rien fait pour la transmettre, n’a rien compris.
Avoir la foi et ne pas évangéliser, ce n’est pas vraiment avoir la foi… cela n’a pas de sens : comme du sel pas salé ou une lampe allumée qu’on cacherait sous un couvercle.
Jésus n’a pas imaginé ces paraboles dans le but d’angoisser ses disciples. Ce n’est pas la culpabilité qui peut changer les cœurs, c’est le désir de répondre à l’amour de Dieu.
Mais décider de donner la priorité à l’évangélisation, peut être une vraie remise en cause… c’est pourquoi il n’hésite pas à utiliser un langage radical… pour réveiller ses disciples.
Des chrétiens un peu tièdes sont parfois surpris par le langage du concile Vatican II lorsqu’il dit que “les fidèles sont tenus de professer devant les hommes la foi qu’ils ont reçue”… ou encore qu’ils sont “strictement obligés de répandre la foi et de la défendre par la parole et par l’action.” (Lumen Gentium, 11)
Ce langage montre simplement que les évêques avaient entendu le message de l’Évangile. C’est pourquoi Mgr Thomas disait : “Les paraboles, c’est de la dynamite.”
Que le Seigneur vous bénisse, vous qui avez le désir de partager le trésor de votre foi.
JC.P.
Publié le 2011-06-14