Le devoir d'être apôtre

Frères et sœurs, vous avez vu à quel point l’enseignement du Concile sur l’apostolat des laïcs va au fond des choses. Ce n’est pas une opinion parmi d’autres, qu’on entend une fois et qu’on oublie :
“Les laïcs tiennent de leur union même avec le Christ le devoir et le droit d’être apôtres. Étant insérés par le Baptême dans le Corps du Christ, étant fortifiés grâce à la Confirmation par la puissance du Saint-Esprit,c’est le Seigneur lui-même qui leur confie leur apostolat.”
(Décret sur l’apostolat des laïcs, 3)
Cette mission, nous la tenons de notre Baptême et de notre Confirmation.
Et comme vous le savez : dans les Sacrements, c’est le Christ qui agit.
Si nous tenons une mission des Sacrements, cela veut dire que nous la tenons du Christ lui-même.
Ce droit d’être apôtre, aucun homme ne peut nous le retirer.
Mais ce n’est pas seulement un droit, qu’on exercerait si l’envie nous en prend. Ce que nous avons reçu du Christ, dit le Concile, c’est aussi le devoir d’être apôtre : c’est cela une mission.
Cela fait partie de la nature de l’Église, telle que le Christ l’a voulue… de sorte que si les confirmés ne sont pas missionnaires, l’Église n’est pas vraiment l’Église. C’est ce que dit le concile : dans ce cas, “l’Église n’est pas vraiment fondée, elle ne vit pas pleinement…” (Décret sur l’activité missionnaire de l’Église, 21)
Il y a bien des façons d’être apôtre. Chacun a reçu, de sa Confirmation, la force nécessaire… mais il y a une infinité de façons d’exercer ce don de l’Esprit Saint.
Les Cellules d’évangélisation sont une de ces façons… et même dans les Cellules, vous voyez que chacun a des charismes particuliers.
Mais nous savons également qu’il y a bien des façons de ne pas être apôtre.
C’est pourquoi, de tout temps, les chrétiens fervents se sont donné des règles de vie qui viennent au secours de leur faiblesse et les aident à persévérer dans la fidélité.
Les moines et les religieux, dont la plupart sont des laïcs, ont fait ce choix ; et on a vu qu’il fut un temps où des foules de laïcs adoptaient ce mode de vie.
Les religieux proprement dits étant moins nombreux dans le monde actuel, il est urgent que l’Église invente des moyens d’aider les laïcs à mettre en œuvre leur vocation missionnaire.
La règle de vie des cellules, ou celles qu’on trouve dans les mouvements charismatiques, sont très différentes de celles des religieux, qui comportent des vœux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance… ou de la règle de vie des moines qui ne sortent pas ou peu de leur monastère et passent six heures par jour dans leur chapelle pour la prière commune.
La règle de vie des cellules est considérablement plus souple et adaptée à la vie familiale et professionnelle… mais elle comporte un minimum d’exigences… sans quoi, elle n’aurait plus de raison d’être… elle cesserait d’être une aide pour notre vie spirituelle et notre mission d’évangélisation.
On peut dire que notre règle de vie s’en tient à l’essentiel : d’abord la prière ou l’adoration, qui est le fondement de toute mission.
Je me souviens de l’air sceptique d’un religieux, à qui j’expliquais le projet des Cellules d’évangélisation… jusqu’à ce que je lui parle de l’adoration comme fondement de la mission… là, il a dit : “S’il y a la prière, ça peut marcher.”
Notre règle de vie comporte une rencontre hebdomadaire… c’est très peu en comparaison des contraintes de la vie monastique… c’est beaucoup quand cela vient en plus de la vie familiale et professionnelle… mais c’est bien si on a le désir de vivre sa mission d’apôtre.
Elle comporte un temps de partage sur ce qui, dans notre semaine, a constitué un témoignage de notre appartenance au Christ.
Le but du partage, c’est de prendre conscience de la présence et de l’action de Dieu dans notre service de l’Évangile… il faut donc limiter le plus possible notre intervention à ce que nous avons fait pour la mission, même si c’est peu de chose.
Si l’on est trop souvent hors sujet… ce n’est pas une aide pour les autres, et cela risque, à terme, de compromettre la vie même de la Cellule.
Le temps donné à la prière prend normalement la forme de l’adoration eucharistique, qui a le mérite extraordinaire de mettre l’accent sur la rencontre du Christ présent.
La vocation première des Cellules, c’est que tout cela est centré sur la mission, et donc sur notre vocation de confirmés, que le Concile nous rappelle avec tant de force. Donc, allons-y : ce n’est pas une fausse piste !
Frères et sœurs, que le Seigneur bénisse votre mission : elle est tout entière à son service.
JC.P.

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