Frères et sœurs, quand l’Évangile parle du jugement dernier, c’est sous la forme d’une parabole, c’est-à-dire dans un texte imagé.
Les bons et les mauvais sont représentés par les brebis et les boucs… ce qui est évidemment une image.
L’idée de “jugement dernier” comporte également une part de convention littéraire du fait qu’elle se rattache au genre particulier des “apocalypses”. Ce texte est donc une parabole de style “apocalyptique”.
Il ne faut pas chercher dans les apocalypses (que ce soit celle de saint Jean ou les divers passages de style apocalyptique du Nouveau Testament) des enseignements qui seraient étrangers au reste du Nouveau Testament.
Les Apocalypses c’est du grand spectacle. Ce n’est pas une autre “révélation”, mais une présentation dramatique et imagée de la révélation.
Cette solennité n’est pas gratuite. Le décor de cette “parabole du jugement” traduit l’importance de l’enjeu : il illustre l’urgence de la conversion et le caractère irréversible de ses conséquences.
Elle exprime aussi l’immensité de la récompense : Dieu nous fait héritiers de son “Royaume”… il nous destine à partager son “Règne” !
Si la vie éternelle est l’aboutissement de nos choix, on voit mal le sens d’un “jugement dernier et universel” qui serait distinct du “jugement particulier” ou personnel… c’est plutôt la traduction, dans le genre “apocalyptique”, de cette vérité révélée.
Une parabole est un texte imagé. Le “Royaume” (25,34), comme le “feu éternel” (25,41) sont des façons imagées de parler de notre destinée future. L’Évangile donne d’autres images de la damnation : le feu qui ne s’éteint pas… le ver qui ne meurt pas… l’abîme infranchissable.
La révélation porte sur ce qui est commun à toutes ces images : à savoir qu’une vie éternelle sans Dieu est douloureuse : c’est la douleur d’une vie qui est un échec total et éternel… ce qui est déjà assez grave, sans qu’il soit nécessaire de supposer que Dieu ajoute à cette douleur.
Dieu ne torture pas… ce n’est pas une punition infligée par Dieu.
On peut parler d’une peine du fait que celui qui refuse d’aimer se rend inapte au bonheur éternel… ce bonheur consistant à aimer.
À l’inverse, celui qui aime maintenant, se rend capable de vivre une communion éternelle avec les trois Personnes divines.
Si on lit un peu vite cette parabole, on peut avoir l’impression que le “Roi” inflige des punitions… si on regarde de plus près, on voit que ces peines sont l’aboutissement de nos choix, et en particulier de nos refus d’aimer.
Jésus multiplie les exemples illustrant l’attitude du cœur qui peut nous mettre en relation avec lui et avec notre Père.
Tout notre comportement doit être “informé” par l’amour : lui seul donne valeur surnaturelle et valeur d’éternité à nos actions.
L’amour des petits, c’est à dire des dépendants, des inutiles, de ceux qui dérangent et ne peuvent pas restituer… est l’amour le plus vrai : c’est l’amour pur… celui qui ressemble à l’amour que Dieu a pour nous.
Si notre amour n’a jamais cette dimension, il est imparfait.
Le plus petit acte d’amour a une dimension transcendante et éternelle :
“Amen, je vous le dis, chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.”
C’est donc une parabole sur l’amour : son idée centrale porte sur la nature, les dimensions et les conséquences de l’amour.
De ce fait, c’est une parabole sur les choses à faire… aimer, c’est tout un ensemble de choses à mettre en pratique.
Les auditeurs de Jésus sont étonnés : ils n’avaient pas conscience de cette dimension de leur agir. Il nous est difficile d’en être toujours conscient.
Cette parabole nous invite à changer notre regard !
On ne parvient pas au salut en faisant de l’exceptionnel.
Tout dépend de la qualité de notre écoute, de notre accueil, de notre disponibilité envers les plus proches et les plus petits de nos prochains.
“Celui qui dit : j’aime Dieu, et n’aime pas son frère est un menteur.” (I Jn 4,20)
Toute relation d’amour vrai, désintéressé : qui aime l’autre pour lui-même, pour donner, pour faire du bien, a une dimension transcendante et éternelle.
Tout amour d’un “petit” : de celui qui a besoin d’être aimé, atteint Dieu.
L’amour des plus petits, qui peut sembler “condescendant” (comme s’il allait du haut vers le bas), rejoint, en vérité, le cœur du Christ.
Noter que pour Jésus, “aimer” c’est “faire du bien” (Luc 6,27).
Dans l’Évangile, l’amour n’est pas fait uniquement de sentiments : il consiste, avant tout, dans ce qu’on fait pour ceux qui ont besoin de nous.
Refuser de leur faire du bien, c’est le refuser au Seigneur lui-même.
Aimer les plus petits, c’est aimer le Seigneur Jésus et le rencontrer… et on peut ajouter que c’est les aider à faire, eux-aussi, cette rencontre.
C’est pourquoi on peut dire qu’évangéliser c’est aimer.
Frères et sœurs, que le Seigneur vous bénisse… qu’il vous fasse découvrir la dimension missionnaire de l’amour.
JC.P.
Publié le 2011-05-09