La miséricorde du Père (lire : Luc 15,11-24)

Frères et sœurs je vous propose de conclure par une parabole sur Dieu.
Il s’agit bien des sentiments de Dieu, comme on le voit dans le parallèle entre les attitudes et sentiments du père et ceux du fils :
Le père :Le fils : il aime,il est exigeant, il donne sans compter,il réclame ce à quoi il n’a pas droit, il fait confiance,il se coupe de son père, il rend libre,il cherche le bonheur ailleurs…  il gaspille… il se fait plaisir, il attend !il s’enfonce dans le mal… …il touche à la misère. …il réfléchit :  il prend conscience de son état, il court à la rencontre de son fils,il décide de revenir. il accueille,  il ne le laisse pas s’abaisser,  il ne fait pas de reproche.il demande pardon. il pardonne.  il lui rend sa condition de fils.il est ébloui de tant d’amour.

Jésus accumule les détails qui rendent le fils impardonnable (égoïsme, arrogance, mépris)… et rendent invraisemblables, surtout dans la société de l’époque, la bienveillance du père et son respect total de la liberté de son fils… jusque dans la liberté de pécher et de l’offenser personnellement.
Personne ne respecte, comme Dieu, la liberté… parce que c’est lui qui fait de nous, à chaque instant, des êtres libres.
Le père de famille, c’est Dieu… le fils pardonné, c’est chacun de nous.
Dieu, comme ce père, guette notre conversion et ne songe qu’à pardonner au premier geste de contrition… il ne met qu’une condition à son pardon : que nous acceptions d’être pardonnés.
C’est une condition minimale : Dieu ne peut pas exiger moins… et pourtant, ce n’est pas une condition facile… se reconnaître pécheur est une remise en cause de soi-même.
Nous ayant faits libres, Dieu lui-même n’a pas le pouvoir de pardonner à celui qui n’aurait pas, au moins, le désir d’être pardonné.
A la différence des paraboles de la veuve, de l’intendant infidèle ou des talents, c’est une parabole sur l’attitude et les sentiments de Dieu… et ce qui caractérise le Père, c’est la tendresse, la miséricorde et le désir de pardonner.
Cette parabole apporte un éclairage décisif sur les passages de l’Évangile relatifs au pardon… des passages qui nous font un peu peur, et qui, parfois nous semblent exagérés :
“Aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour. Alors votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Dieu très-haut, car il est bon, lui, pour les ingrats et les méchants.
“Soyez miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux. Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés…” (Luc 6,35-37 )
Mais à la lumière de cette parabole, et de la révélation de la tendresse du Père… de la joie de Dieu (“la joie dans le ciel” - Luc 15,7) quand il peut pardonner… ces passages nous semblent aller de soi.
Pour que ce message apparaisse en pleine lumière, il faut arrêter le récit au verset 24… l’histoire du fils aîné étant une autre parabole.
Il y a, en fait, deux paraboles : l’une sur la tendresse du Père… l’autre, plus tardive, sur l’attitude des Juifs, jaloux de leurs privilèges de peuple élu, qui n’acceptent pas que les païens convertis soient leurs égaux dans le nouveau peuple de Dieu.
C’est le rédacteur final de l’Évangile qui a réuni ces deux paraboles
En réalité, le deuxième fils ne joue aucun rôle dans la parabole primitive, puisque chacun d’entre nous est le fils pécheur… de même que les 99 brebis ne jouent aucun rôle dans l’histoire de la brebis perdue, puisque chacun de nous est la brebis perdue !
L’histoire du fils aîné est une autre parabole… pleine d’intérêt en elle-même… mais malencontreuse dans le rôle de conclusion de la première.
Ce n’est pas une parabole sur Dieu ni sur le pardon.
Dans toutes les religions, un homme religieux est un homme qui cherche Dieu… mais la religion de Jésus Christ est plus encore la révélation d’un Dieu qui est à la recherche de l’homme.
Il veut toujours pardonner… mais lorsqu’il rencontre un cœur fermé, il ne le peut pas… par contre, quand il rencontre un cœur ouvert à son pardon, il se fait plaisir et donne son pardon sans mesure.
Le Dieu de Jésus est un Père qui attend le premier signe de conversion pour courir à notre rencontre et nous prendre dans ses bras.
Frères et sœurs, que le Seigneur vous comble de sa tendresse.
JC.P.

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Publié le 2011-03-07