On a vu comment la divinité du Christ était affirmée dans les lettres de saint Paul, et dans des hymnes liturgiques peut être plus anciennes encore que ses lettres. Ce mystère tient aussi une grande place dans l'Évangile de saint Jean.
Celui qu'on appelle Jean le théologien a été ébloui par la personnalité de Jésus. Il traduit cela dans le langage très direct d’un témoin oculaire, et en même temps, dans un langage riche en symboles.
Ce “double langage” s’explique bien : les événement qu’il rapporte sont à l’origine de sa foi et ils ont changé sa vie : ce sont des événements médités pendant de longues années… des événements médités par Jean et par ses disciples, qui ont contribué, après lui, à la rédaction finale de son Évangile. L’Évangile de Jean, comme les Évangiles synoptiques, est l’œuvre de plusieurs rédacteurs successifs.
Les symboles qu'il aime utiliser ne sont pas gratuits. Ils tiennent d'abord à la vie de Jésus qui a été signifiante : une vie pleine de sens ou de signification, que Jean a su déchiffrer.
Dans sa première lettre, il rappelle avec insistance sa qualité de témoin : “Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, et que nos mains ont touché du Verbe de vie : car la Vie s’est manifestée, et nous avons vu, et nous témoignons … ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons.”
(I Jn 1,1-3)
Jean dit que Jésus est le Messie (ou le Christ : celui qui a reçu l'onction), mais il fait comprendre que ce titre, qui était normalement celui du roi, ne doit pas être compris en un sens politique ou terrestre.
Quand Pilate lui demande s'il est roi (c'est-à-dire Messie), Jésus ne refuse pas ce titre, mais il précise : “Ma royauté n’est pas de ce monde” (Jn 18,36) : elle n'est pas du monde des hommes, mais du monde de Dieu… son règne est le règne de Dieu.
Comme les Synoptiques, Jean préfère le titre de “Fils de l’homme”, qui, dans le livre de Daniel désignait une sorte de Messie divin : un personnage qui recevait de Dieu un règne (c'est-à-dire un pouvoir messianique) éternel et universel : un règne qui n'est autre que le règne de Dieu.
Jean emploie aussi un terme qu'on ne trouve pas dans le reste du Nouveau Testament : celui de Verbe (le Logos en grec, c'est-à-dire la Parole).
Chez les philosophes païens de l'époque ce terme désignait l’intelligence divine organisatrice du monde.
La théologie de saint Jean ne doit rien à la pensée païenne, mais il leur emprunte ce terme pour nous dire que Jésus est une personne divine, et donc qu'il existait auprès du Père avant son incarnation.
Quel nom lui donner avant qu'il se soit fait homme ? Jésus est son nom d'homme… et il n'était pas, non plus, le Christ avant d'être homme.
Les seuls noms qui permettent de parler de lui avant l'incarnation sont ceux de Fils ou de Verbe.
Jésus est le “Fils unique” : sa filiation est unique… elle est d’un autre ordre que la nôtre.
Sa relation au Père est unique : c'est celle d'un Fils auquel il fait totalement partager sa gloire divine :
“Le Verbe s’est fait chair … et nous avons vu sa gloire, cette gloire que, comme Fils unique plein de grâce et de vérité, il a reçue du Père.”
(Jn 1,4)
Nous sommes créés à l'image de Dieu, mais personne, parmi nous, ne peut dire : “Qui m’a vu a vu le Père.” (Jn 14,9).
Jésus peut le dire en vérité : sa ressemblance avec le Père est parfaite.
Parfaite, également, est son unité avec le Père. Il peut dire : “Moi et le Père nous sommes un.” (Jn 10,30)
Le Père et le Fils sont deux personnes, mais leur unité n'est comparable à aucune autre : ils sont un seul Dieu.
La Bible donne le nom de Seigneur à Dieu, et à d'autres personnages importants. Dans le Nouveau Testament, si le titre de Seigneur est constamment donné à Jésus, ce n'est pas seulement pour dire qu'il est le Messie attendu… mais bien pour dire qu'il est Dieu.
Ce message est explicite dans l'Évangile de Jean :
Thomas dit à Jésus : “Mon Seigneur et mon Dieu.”
Et Jésus reconnaît dans ces paroles un acte de foi : “Parce que tu m’as vu tu as cru.” (Jn 20,28-29)
Jésus est “Seigneur” au même titre que Dieu : il nous demande de croire en lui comme on croit en Dieu.
Frères et sœurs, voilà qui est celui qui vous invite à prendre le temps de le rencontrer dans l'adoration.
JC.P.
Publié le 2011-11-14