Une chose est certaine : l’adoration eucharistique n’est pas une dévotion individualiste, contrairement à ce qu’on en dit quelquefois, c’est, au contraire, une prière ecclésiale.
Des diverses formes de prière silencieuse, c’est, peut-être, l’une des plus communautaires et des plus ecclésiales.
C’est une prière dans laquelle nous nous retrouvons, dans un lieu d’église, en présence de ceux qui partagent avec nous la règle de vie des cellules… et aussi avec d’autres membres de la paroisse, ce qui est heureux, puisque nos cellules d’évangélisation sont “paroissiales”.
Cette prière, en tout cas, n’est pas vécue dans les cellules, comme une dévotion individualiste ni comme une fuite, mais comme un ressourcement en vue de la Mission.
C’est également une prière qui met le Christ au centre de la vie de la Paroisse… une prière par laquelle la communauté le reconnaît comme le centre de tout. Et en cela, c’est une prière véritablement ecclésiale.
Une communauté est ecclésiale quand elle est centrée sur le Christ.
Cette prière peut prendre des formes diverses… avec ou sans discours intérieur… avec ou sans l’aide de la Parole de Dieu.
Mais quelles que soient les formes, il importe qu’elle soit, avant tout, une rencontre du Christ : la rencontre de celui qui nous connaît et nous aime avec fidélité, qui connaît nos défauts comme un ami ou comme un frère, et que cela n’empêche pas de nous aimer tels que nous sommes.
Quand il nous dit : “Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis.” (Jean 15,16), Jésus nous fait comprendre que c’est lui qui a l’initiative de l’amour : un amour gratuit qui précède tous nos mérites et tout ce que nous pouvons faire.
Dans un couple, les époux connaissent les moindres défauts de l’un et de l’autre… cela peut leur rendre la vie insupportable, mais pour les époux qui ont su apprendre à aimer, cette connaissance n’est plus un obstacle à l’amour.
Les parents connaissent également les moindres défauts de leurs enfants, ce qui ne les empêche pas de les aimer plus que tout.
C’est de cette façon que le Christ nous aime : avant toute conversion, il nous aime tels que nous sommes.
Entrer dans la prière et faire la rencontre du Christ, c’est prendre conscience de cet amour, c’est accepter de se laisser aimer… et l’accepter, c’est déjà une façon de répondre à la tendresse de celui qui nous a choisis et aimés le premier.
Il va de soi qu’il nous appelle à nous convertir, à devenir, de plus en plus, des êtres libres, mais il n’en fait pas une condition de son amour.
C’est une chose qui semblait incompréhensible aux pharisiens : Jésus aimait les pécheurs… une chose qui étonne encore le pharisien qui sommeille dans notre cœur !
Mais s’il n’aimait pas les pécheurs, comment pourrait-il nous aimer ?
Comme les pharisiens, nous avons très peur que la révélation d’un tel amour soit dangereuse et qu’elle favorise le relâchement !
Mais lui, le Seigneur Jésus, sait mieux que nous ce qui est dangereux et ce qui est bon pour nous. Il sait que si on ne commence pas par l’amour, on n’aboutit à rien : “Celui qui ne m’aime pas, dit-il,n’observe pas mes paroles.” (Jean 14,24)
La peur ne peut pas vraiment convertir… elle ne conduit jamais très loin sur le chemin de la conversion.
Il sait que l’amour, loin d’être un obstacle à la conversion, est le seul chemin de conversion : “Celui qui m’aime, celui-là, observera ma parole.” (Jean 14,23)
Que le Seigneur vous fasse grandir dans son amour.
JCP
“Les Pharisiens disaient à ses disciples : « Pourquoi votre maître mange-t-il avec les collecteurs d’impôts et les pécheurs ? » Mais Jésus, qui avait entendu, déclara : « Ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin de médecin, mais les malades. Allez donc apprendre ce que signifie : C’est la miséricorde que je veux, non le sacrifice. Car je suis venu appeler non pas des justes (il n’y en a pas), mais des pécheurs. »” (Mt 9,11-13)
“Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis.” (Jean 15,16)
“Si quelqu’un m’aime, il observera ma parole, et mon Père l’aimera. Nous viendrons à lui et nous établirons chez lui notre demeure. Celui qui ne m’aime pas n’observe pas mes paroles.” (Jean 14,23-24)
Publié le 2004-12-06