Le Sacrement de mariage

Couverture du livre 4ème de couverture du livre

J-C Pompanon
pompanon@wanadoo.fr

Le don de l’unité,
histoire et théologie du Sacrement de mariage.

La théologie du mariage a connu nombre d’aléas dans l’Église ancienne comme dans l’actualité la plus récente. Il est urgent de revenir aux sources de la révélation, et avant tout à l’Écriture.

L’Écriture Sainte :

L’étude biblique qui constitue la première partie de cet ouvrage, s’étend sur la question des « incises matthéennes » qui ont été une source de confusion, les Églises séparées, que ce soit dans la mouvance « orthodoxe » ou dans les Églises issues de le « réforme » protestante, les ayant comprises comme un droit de se remarier après un divorce.
« Or moi je vous dis que quiconque répudie sa femme, excepté pour raison de porneia, la fait être adultère » (Mt. 5, 32).
« Or je vous dis que celui qui répudierait sa femme, si ce n’est pas pour porneia, et en épouserait une autre, commet un adultère » (Mt. 19, 9).
En fait, la « porneia » mentionnée dans ces deux versets n’est pas un péché d’adultère commis par l’épouse. Le terme grec pour « adultère » n’est pas « porneia », mais « moicheia », ce qui se vérifie dans ces versets comme dans le reste du Nouveau Testament.
Comme le Père Bonsirven, grand connaisseur de la tradition rabbinique, l’avait signalé dès 1948 (Le divorce dans le Nouveau Testament), la « porneia » dans ces incises matthéennes n’est pas une faute ponctuelle commise par l’épouse, mais une situation ou un état d’union illégitime à laquelle le couple doit mettre fin (cf. Ac. 15, 20 – Ac. 15, 28-29 – Ac. 21, 25 – I Cor. 5, 1), de sorte que ces versets, loin de constituer une exception, confirment l’enseignement de l’ensemble du Nouveau Testament sur l’indissolubilité du mariage.

Les Pères de l’Église :

Les chapitres suivants, relativement développés, proposent une sorte d’anthologie des textes patristiques sur le mariage. Ces documents mettent l’accent sur la supériorité du célibat consacré, et leur vision du mariage est relativement pessimiste. Les incises matthéennes sont généralement comprises comme un droit (sinon comme un devoir), pour un homme, de renvoyer une épouse adultère, et donc de vivre dans le célibat.
Même dans ce cas de « porneia », les Pères de l’Église, en Orient comme en Occident, n’ont pas admis qu’un homme ayant renvoyé sa femme puisse en épouser une autre. Cette tolérance, apparue en Orient après la période patristique, n’est fondée ni sur l’Écriture, ni sur la tradition.

Accueil des divorcés :

Au nom de la miséricorde, on aimerait pouvoir accueillir les couples qui se sont mariés civilement après un divorce et leur proposer la Réconciliation et l’Eucharistie. Certains couples se rapprochent de l’Église alors qu’ils ont fondé une nouvelle famille dont ils ne peuvent se séparer. La difficulté est que leur situation rend invalide le Sacrement du Pardon. Selon toute la tradition, l’absolution est un rite de « réconciliation avec l’Église » : il crée une situation de « réconciliation ecclésiale» qui est une condition nécessaire de la réconciliation avec Dieu. Tant que dure la situation de rupture ecclésiale, le rite d’absolution ne peut pas, à lui seul, être signe du pardon : dans une telle situation, le Sacrement de Réconciliation ne peut pas exister.

Indissolubilité naturelle :

Le plus ancien des Sacrements diffère de tous les autres : le contrat, comme la situation d’époux qui en résulte, sont des réalités naturelles que ni l’Église ni le Christ ne pouvaient modifier.
On considère généralement que c’est le Baptême qui rend le mariage indissoluble ; mais lorsqu’il dit : « Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas », Jésus s’adresse à des Juifs qui ne connaissent que le mariage « naturel ».
On peut estimer que si le Sacrement de mariage est strictement indissoluble, c’est parce que le mariage « naturel » est indissoluble. Le Baptême des deux époux ne fait qu’annuler l’exception pouvant exister lorsqu’un seul est baptisé. Les deux étant baptisés, il n’existe plus d’exception à l’indissolubilité naturelle du mariage.

Contraception :

En ce qui concerne la morale sexuelle, Pie XII a remis en question le rigorisme des Pères de l’Église, légitimant le recours aux périodes agénésiques, mais excluant les contraceptifs « artificiels ». Paul VI s’en est tenu à cette position, mais les épiscopats ayant émis des réserves, ce qui a créé une situation unique dans l’histoire de l’Église de ces derniers siècles, il est permis de s’interroger.
On ne peut pas, en même temps, légitimer le choix des périodes agénésiques, c’est-à-dire une relation où ni la finalité de l’acte, ni la finalité des époux, ne sont procréatrices, et maintenir le principe stoïcien selon lequel toute relation conjugale doit être procréatrice. Même s’il existe un lien naturel entre sexualité et procréation, ces deux réalités ne sont pas associées dans le Nouveau Testament : la nature de ce lien n’est pas précisée.
S’il est vrai qu’une relation peut être légitime pendant une période non procréatrice, avec une intention non procréatrice, pourquoi les autres moyens d’espacer ou d’éviter la procréation seraient-ils tous illégitimes ?
Pour saint Augustin, la sexualité est un mal nécessaire à la procréation, de sorte que seule la finalité procréatrice peut la légitimer.
Mais si la sexualité vécue comme un acte d’amour conjugal et un don de soi est un bien, il faut cesser de raisonner comme si elle était un mal nécessaire.

Définition des Sacrements :

Dans la ligne de saint Jean Chrysostome, ce travail, comme les ouvrages précédents (Le Baptême la Confirmation, une introduction aux Sacrements – Le Pardon ou la joie de Dieu. Réconciliation et Onction des malades – Le Sacrement de l'ordre) veut exprimer la révélation biblique relative à l’efficacité divine des Sacrements en faisant l’économie des paradoxes liés à la théorie de la causalité instrumentale des rites sacramentels.
Un Sacrement n’est pas un “signe efficace”. Un signe comme tel n’est pas efficace, il est signifiant. Un Sacrement est une “action divine signifiante”. Le Christ ayant fait les Sacrements pour rester présent et agissant dans son Église, on peut dire que chaque Sacrement est une action du Christ ou une grâce divine, actuellement signifiée dans l’Église.
On peut donc affirmer que les Sacrements sont efficaces, ou qu’ils confèrent la grâce divine, sans faire appel à l’étrange théorie qui fait du rite une cause (même si elle n’est qu’instrumentale) de la grâce.

En principe, un rite n’a d’autre raison d’être que de signifier la grâce : il n’existerait pas si le Christ n’avait pas institué les Sacrements. Mais le mariage est différent : il existerait même si le Christ n’avait pas institué les Sacrements ; c’est une réalité naturelle que le Christ n’a pas instituée… mais il a révélé qu’elle était signe de la grâce.

J-C Pompanon, prêtre du diocèse de Versailles

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Publié en 2015